mercredi 23 mai 2018

Le Découpeur de paupières (1)




Une histoire circule en ce moment sur tous les réseaux sociaux et les sites consacrés aux histoires d’horreur. Je ne sais pas quel crédit lui apporter. Beaucoup disent que cette histoire est fausse, moi je pense perso qu’elle pourrait être réelle.

« La maman referma la fenêtre ouverte de la chambre de Lise et vint s’asseoir au bord de son lit. Elle lui caressa tendrement le front en se disant qu’elle était chanceuse d’avoir une petite fille aussi gentille, aussi intelligente. Son seul défaut était la gourmandise.   

- Maman, ce soir je n’ai pas peur.
- Tu n’as pas peur de quoi ma chérie ?
- Qu’on me découpe les paupières.
- Mais c’est horrible ça ma fille ! Et qui viendrait te faire ça ?
- Le Découpeur de paupières !
- Le découpeur de paupières ?
- Oui, il les découpe avec son scalpel pour que les enfants soient toujours réveillés quand Rouge viendra les défigurer avec son sable !
- Rouge ? Qui est Rouge ?
- C’est le méchant frère du marchand de sable.
- C’est ta grande soeur qui t’a raconté ces horribles sottises ?
- Non, c’est le monsieur avec le masque ce clown qui sourit.
- Le…monsieur avec le masque de clown qui…sourit ? répéta hébété la mère.
- Oui, mais il est gentil, il me donne des bonbons pour que je me taise.
- Des bonbons ? Je t’ai déjà dit de ne pas accepter de bonbons des inconnus !
- Ce n’est pas un inconnu, il vient souvent me voir pour me protéger du marchand de sable Rouge et du Découpeur de paupières. Alors, comme il veille sur mon sommeil, je l’aime bien.
La maman resta plusieurs secondes à observer sa fille. La petite triturait une poupée de chiffon malgré les monstruosités qui sortaient de ses petites lèvres purpurines. Elle semblait même plutôt sereine.
- Tu…m’as dit que le monsieur avec le masque de clown voulait que tu te taises. Pourquoi veut-il cela ?
- Bah pour pas que je te dise.
- Que tu me dises quoi ?
- Bah quand il vient me voir pour me protéger.
- Mais…il vient te voir…où ?
- Bah ici, dans ma chambre.
- Tu…veux…dire que cet homme vient ici, dans ta chambre ?
- Oui, il rentre par la fenêtre, mais comme tu l’as refermé, je ne sais pas s’il pourra repartir sans me réveiller, car la poignée fait du bruit.
La maman tressaillit. Que venait de dire sa Lise ? Ce n’était pas possible, elle lui avait dit mille fois de ne pas accepter de bonbons d’inconnus, de ne pas leur parler, de ne pas les suivre, de ne pas les faire entrer dans la maison !
- Et…où…est…cet…homme ? dit la mère d'un ton effrayé.
- Derrière toi maman.
La maman se retourna brusquement. Ses cervicales craquèrent. Il n’y avait rien d’autre que…la porte entrouverte du placard. Elle ravala sa salive, se dit que sa fille lui faisait une bonne farce, bien que Lise n’ait pas l’habitude d’en faire.
- Je ne vois rien ma…chérie.
- Dans le placard maman, il surveille Rouge depuis placard.
La maman sentait son cœur battre dans ses tempes. Pour elle, il était impossible que Lise laisse entrer un homme dans sa chambre, Lise était trop méfiante pour ça.
- Tu me fais marcher, c’est ça ?
- Non, t’a qu’à voir.
- OK, puisque tu as décidé de jouer à la méchante petite fille, pourquoi pas !
La maman inspira une grande bouffe d’oxygène, se leva et fit les trois pas qui la séparaient du placard. Un léger craquement arrêta son geste sur la poignée de la porte. Il ne venait pas du placard, mais de la moquette sous son pied droit. Elle l’écarta doucement et trouva un emballage de papier bonbon.   
- Oups, j’ai oublié de la jeter rigola sa fille.
Interloquée par sa désobéissance, la maman se tut et pour se rassurer, ouvrit sèchement la porte du placard. Heureusement, seules des étagères remplies de jouets et de déguisements répondirent à ses inquiétudes. Soulagée, elle allait refermer la porte quand un détail attira son attention : une épaisse touffe de cheveux rouge dépassait d'un bac à jouets. Que cela pouvait-il bien être, sa fille n’ayant jamais eu de déguisement ou de poupées avec cette couleur de cheveux ? Elle se pencha, attrapa les cheveux avec une grimace de dégout, tira doucement dessus, découvrit le masque d’un clown avec un grand sourire. En soi, le masque n’était pas effrayant, hormis cet étrange regard aux paupières mi-closes. Si le caoutchouc du masque était lisse, les paupières étaient fripées, jaunâtres et sèches comme de la peau écornée. Cousues avec du fil noir autour de l’œil, ces paupières semblaient appartenir à un cadavre.
- Qu’est-ce que c’est que cette horreur ? murmura la mère de l’enfant.     
La stupéfaction passée, elle se sentit en colère contre sa fille. Elle cria en se retournant :
- À qui est cette horreur ?!
- À moi, répondit une voix rauque sous le lit. C’est un déguisement pour ne pas faire peur aux petites filles aussi gentilles que la tienne.  
Deux yeux globuleux et une bouche dépecée de ses lèvres la fixaient depuis cet endroit. La mère écarquilla les yeux en lâchant le masque. Sur le lit, sa fille regardait fixement le plafond. Ses yeux étaient dénués de toutes paupières, un filet de sang coulait le long des joues, sa bouche était grande ouverte. Choquée, la mère étouffa un cri.
Le Découpeur se releva sèchement, à une vitesse anormale pour un gabarit de sa taille. L’éclat métallique d’un scalpel brillait dans sa main gauche.
- La petite Lise n’est pas morte, elle est juste endormie. Remercie-moi de l’avoir sauvée de Rouge, grogna le Découpeur…

Voilà pour cette histoire. J’ai fait de nombreuses recherches sur internet et à part quelques rumeurs, on ne sait pas vraiment ce qui est arrivé à la mère. Lors de ces recherches, je suis tombé sur ce petit texte concernant le Découpeur de paupières :

Méfie-toi, le Découpeur te regarde depuis ta fenêtre.
Tu ne dois pas dormir, Rouge est en chemin.
Si tu dors, le Découpeur passera par ta fenêtre.
Le masque de clown se penchera sur toi.
Avec son scalpel, il caressera ton visage.
La piqûre ne te réveillera pas.
Avec une précision chirurgicale, il découpera tes paupières.
Coupe, coupe, découpe, vite fait, bien fait.
De Rouge tu seras sauvé.
Tes paupières dans la petite boîte seront déposées.
Chez lui, le Découpeur les trempera dans une solution.
Au mur, tes paupières orneront sa collection.  
Le Découpeur aime les ailes de papillon.   

Si je vous poste tout ça, c’est qu’à mon collège, je connais une fille avec un joli visage de poupée. Elle est vraiment belle, mais elle est asociale, ne parle à personne, reste toujours sur ses gardes et dans son coin. Franchement, cette fille me plaît beaucoup, mais je ne sais comment l’aborder, surtout qu’avant-hier, alors que je l’observais discrètement dans la cour du collège, elle a éternué et quelque chose a bougé sous son front. Elle a aussitôt plaqué ses mains sur son visage en baissant la tête, puis a semblé replacer quelque chose au niveau de son œil gauche. J’aurais juré avoir vu cet œil s’agrandir. Mais peut-être que je me fais des idées, peut-être qu’à force de lire les histoires du Découpeur de paupières, je vois ses victimes partout. Elle s’appelle Lise.

- À suivre -







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2018@Gebel de Gebhardt Stéphane.
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1 commentaire:

  1. Hehe me revoilà, j'avais pas encore lu cette histoire là, j'adore toujours :'3
    Passons à la correction :
    Depuis le placard*
    De le jeter* et une virgule avant "rigola"

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