mardi 8 décembre 2015

Confidences

(Confidences - Creepypasta sur le thème de la folie)

Je n’ai jamais eu beaucoup de chance dans ma vie. Un père alcoolique, une mère schizophrène, un grand frère tyrannique. Mon père me battait, ma mère riait pour n'importe quoi et se foutait de ma gueule à longueur de journée. Elle avait aussi la phobie de mes cheveux et toujours une paire de ciseaux à portée de main. Mon frère, lui, cherchait constamment à me faire peur, dès que j’avais le dos tourné ou quand je dormais. Et puis, dès qu’il en avait l’occasion, il me cognait avec ses gros muscles de grand connard.

Mon père n’était pas mieux. Avec ses poings il caressait ma tête aussi doucement qu’un boxer et son punching-ball. Avec ses pieds, il s’en servait comme ballon de football. Et c’était un bon tireur de pénalty. Ma mère avait sa caresse favorite : gratter mon crâne avec le bout de ses ongles pointus.

Un jour, j’ai dit à mon père qu’il buvait trop. J’ai failli mourir d’un coma éthylique, car ce salaud avait coincé un goulot au fond de ma gorge et y avait déversé son litre de whisky quotidien. Un jour, j’ai eu le malheur de refuser que ma mère me coupe les cinq millimètres de cheveux qui avaient poussé sur ma tête pendant son internement psychiatrique. Elle me les a arrachés avec les dents. Un jour, j’ai refusé de jouer avec mon frère. Il m’a forcé à jouer aux osselets. Avec mes doigts.

Et forcément, tout ça, ça laisse des traces, des séquelles. Enfin, au début je croyais que non, je croyais m’en être sorti, car après mon diplôme j’ai eu l’idée de monter une agence de voyages à prix discounts. Je dois avouer qu’après un début difficile, les affaires ont décollé.

Jusqu’à ce que je rencontre ma petite amie, Stéphanie. Corps sculptural, intelligence aiguisée, amour fusionnel. On ne faisait jamais rien sans l’autre. Elle adorait les voyages et pour les vacances, parfois pour un seul week-end, on s’envoyait en l’air aux quatre coins du monde. Le seul truc qui me dérangeait chez elle c’était sa foutue manie d’aller en boite. Je n’aimais pas les boites, je n’ai jamais aimé ça. J’ai fini par la laisser y aller seule. Elle s’est mise à rentrer à des heures impossibles, saoule en plus, avec des odeurs d’alcool et de mâles en rut. Et à chaque fois que je lui faisais des remontrances, elle riait comme une petite sotte. Ça a fini par m’énerver. Par vraiment m’énerver. Je crois qu’elle a pris pour toutes les saloperies que m’a fait subir ma putain de famille. Après un énième sourire idiot, j’ai regroupé toutes ses passions en une seule et je l’ai envoyée dans des boîtes à l’autre bout du monde.

Il s’est passé quelque mois avant que je ne retombe amoureux. Entre-temps je suis allé consulter un psy et je me suis fait prescrire de puissants somnifères pour arrêter les cauchemars et les hallucinations. Je voyais ma mère, mon père, mon frère partout. C’était horrible de revoir leurs corps calcinés. Heureusement que ce jour-là je dormais à l’université, et je n’ai pas été accusé. Je me demande encore qui a bien pu mettre le feu à leur baraque de merde ?

Je suis resté un peu moins longtemps avec ma nouvelle petite amie. Six mois, je crois. Je l’ai aussi rencontrée à mon agence de voyages. Comme dans toutes les histoires d’amour, au début ça se passait bien. Mais elle s’est mise à devenir étrange : elle s’inventait toutes sortes des manies comme se laisser pousser les ongles des mains, des pieds et les vernir en rouge comme ma mère. Je n’aime pas le rouge. Elle se maquillait trop aussi, on aurait dit une pute. Et puis toutes les semaines, elle allait chez le coiffeur. Je déteste les coiffeurs. En plus, quand elle revenait de chez ces arracheurs de cheveux, elle riait comme une idiote. Oui, une véritable idiote. Ça a fini par m’énerver. Par vraiment m’énerver. Par extrêmement m’énerver. Je l’ai bâillonnée et je l’ai mise encore vivante dans une grande boîte. Dans une revue, j’ai lu qu’on pouvait mourir de rire en badigeonnant des pieds de miel puis en les faisant lécher par une chèvre. Je me voyais mal acheter une chèvre. Mais il y avait des nuées de fourmis rouges dans ma cave. Et des rats. De bons gros rats. Je ne me rappelle plus combien de temps elle a hurlé, mais j’ai trouvé ça long, trop long, et j’avais peur que les voisins l’entendent même si la plus proche des maisons est à deux/trois cents mètres de la mienne. Je ne sais pas pourquoi, je l’ai étranglée en pensant à ma mère. Mais les fourmis et les rats l’avaient déjà bien bouffée au niveau du cou et sa tête m’est restée dans les mains. J’ai aussitôt pensé à mon père et j’ai shooté dedans comme dans un ballon de football. But ! J’ai fait la Ola en mon honneur. Puis j’ai repris sa tête et je l’ai tellement frappée avec mes poings que son si joli visage n’était plus qu’une bouillie de peau, de cheveux et de cervelle mélangée à la terre battue. Pour me relaxer, j’ai joué aux osselets avec ses doigts. C’est drôle, j’y ai pris un plaisir monstrueux.

Je suis en train de choisir leurs destinations. Oui, j’ai fait plusieurs boîtes avec son corps, car j’entendais encore le rire de ma mère à l’intérieur, et j’ai fini par le découper à la hache et à la scie.

Ah, j’hésite toujours : Bornéo pour son dos, Cuba pour son cul, la Suisse pour ses cuisses. Ça devrait encore passer, j’ai beaucoup de relations dans les douanes et d’amis de l’Est qui vont m’acheter les organes.

Pour faire disparaître les traces génétiques, je dois encore contacter mon ami d’enfance Didier, un pompier. Il est vraiment bon pour faire croire qu’un incendie est accidentel. Comme autrefois.

J’ai hâte que tout soit fini, j’ai hâte de retourner à l’agence. En plus, je crois que j’ai le ticket avec une belle petite gonzesse, célibataire en plus. Une certaine Stéphanie Duval. Elle ressemble un peu à ma mère, elle a le même prénom qu'elle, mais je crois que cette fois je vais réussir à garder mon calme. Enfin, si elle rit un peu trop je ne lui arracherais qu'une dent, ça la calmera et elle comprendra que je n’aime pas qu’on se foute de ma gueule.

J’ai arrêté de voir le psy, mais comme il me l’a conseillé je continue à écrire mon journal. Ça m’aide, ça m’aide vraiment à extraire mon sale passé de mon âme. Comme le psy me l’a souvent répété, je ne suis responsable de rien…

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Affaire : mademoiselle Duval.
Objet : Journal intime nommé Confidences.
Pièce à conviction n°18.
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Cette creepypasta a été publié sur le site CREEPYPASTAS FROM THE CRYPT  (http://creepypastafromthecrypt.blogspot.ca/2015/12/confidences.html). Vous pouvez la consulter et lire les commentaires des lecteurs. A noter que cette creepypasta fera partie du recueil PEUR ANGOISSE TERREUR - LA TRINITE 2016 (17 récits et nouvelle horrifiques) à paraître fin mars 2016.






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