dimanche 18 décembre 2016

Les lunettes



D’après mes psys, la première chose à faire pour exorciser ses démons, c’est de laisser une trace écrite. Je n’ai jamais eu envie de le faire jusqu’à aujourd’hui. Hormis des formulaires et de la paperasse administrative, j’ai passé ma vie à éviter d’écrire, j’avais bien trop peur que le stylo fuit et qu’une tache d’encre ne se redresse sur la feuille. Personne ne peut se douter de ce qui peut naître à partir d'une simple tache, personne.

Bon, alors voilà. Même si je suis toujours angoissé, je vais me mettre à écrire mon histoire et peut-être que j’arrêterais de voir des fantômes partout. J’avais quatorze ans quand les faits se sont produits. On venait d’emménager dans une maison que mes parents avaient fait construire. Mon père et ma mère étaient du genre très maniaque. Si la plupart des parents emménagent dans une nouvelle maison pour avoir plus grand, eux c’était pour avoir plus blanc et plus propre. Ma mère avait toujours un maudit chiffon à poussière à la main, et mon père passait l’aspirateur trois fois par jour quand il ne bossait pas.

Moi, ces murs blancs, ce mobilier laqué, ça me faisait mal aux yeux et cela avait fini par me filer de terribles migraines. L’ophtalmo m’a filé des médocs et des lunettes noires pour les atténuer. Si mes parents ont accepté les médicaments à base de codéine, ils ont refusé les lunettes prescrites sous le prétexte que je ne pourrais plus admirer la splendeur de leur étincelante maison. Qui a pensé que j’avais une famille bizarre ?

 On avait aussi un grand jardin impeccablement entretenu par monsieur, madame et par moi aussi (plus par obligation que par goût des plantes vertes). Un jour où je grattais la pelouse avec mon râteau j’ai accroché un truc dans la haie de thuyas encadrant le jardin. Une tige noire dépassait de la terre. Je me suis baissé, j’ai creusé un peu et j’ai découvert une vieille paire de lunettes noires. J’ai été les nettoyer en cachette avec un produit qui se trouvait sur une étagère du garage et j’ai bien fait attention à ne pas faire tomber le moindre grain de terre sur le sol laqué. Malheureusement pour moi, j’ai dû en oublier quelques-uns et j’ai passé le reste de l’après-midi dans le placard à balais avec quelques bleus au corps (mon père ne me frappait jamais au visage, il n’était pas idiot). Heureusement j’avais réussi à cacher mes lunettes dans une poche de mon jean. Je les essayais juste avant de me coucher. À ma grande joie, les murs blancs sont devenus sombres tout comme mon armoire laqué, mon bureau laqué, mon lit laqué car même si j’éteignais la lampe de ma table de nuit, la lumière crue des lampadaires du jardin passait à travers mes fenêtres sans rideaux. Ainsi mes murs n’étaient pas salis par le noir de l’obscurité ! N’était-il pas vraiment con mes parents ?

J’étais donc allongé sur mon lit, admirant l’atmosphère sombre de ma chambre. Au début, je n’avais pas remarqué une tâche plus claire sur le plafond. C’est quand elle a bougé que je l’ai vue ! Elle a glissé jusqu’à l’arrête du plafond, a dévalé le mur jusqu’à mon lit ! D’un réflexe j’ai retiré mes lunettes et heureusement, cette maudite tâche avait disparu. Inutile de vous dire que je n’ai pas réessayé ces foutues lunettes ce soir-là mais j’ai tout de même regardé sous mon lit, au cas où… Je n’ai pas super bien dormi et même si les taloches de mon père m’avaient considérablement endurci au cours de ces dernières années, on peut dire que j’avais la trouille mais ça, je ne l’avoue que maintenant...

Le lendemain mes parents m’ont dit avoir mal dormi et m’ont demandé si j’avais fait des cauchemars ou si j’avais crié. J’ai dit que non. J’ai d’ailleurs été étonné de cette question, car même si je hurlais mes tripes, ils ne pouvaient pas m’entendre puisque ma chambre avait été aménagée au sous-sol. Leur chambre se situait au-dessus de la mienne et un mètre de béton nous séparait.

Plusieurs fois dans la journée j’ai mis mes lunettes et j’ai regardé le plafond, les murs de ma chambre sans revoir cette tâche. Autre chose a cependant marqué ma journée : les violentes disputes entre mes parents. Il y a toujours eu quelques éclats de voix entre eux, mais jamais avec cette intensité. J’ai bien cru que mon père allait étrangler ma mère ou que ma mère allait égorger mon père. Aucune des deux solutions ne m’aurait déplu, mais bon, de nature solitaire, je pensais qu'il valait mieux vivre avec des maniaco-dépressifs qu’à la DASS avec une troupe d’ados en mal de reconnaissance.

Au dîner on entendait juste le bruit des couverts et des mastications. On n’avait pas grand-chose à se dire alors pour « meubler » cette fastidieuse réunion familiale on regardait la télévision. Mais ce soir-là c’était silence radio. On s’observait comme des étrangers. Après le dîner mon père a refusé que je regarde un film pour me détendre et m’a dit d’aller me coucher et de ne pas crier même si je faisais des « putains » de cauchemar ! Énervé, j’ai pris plusieurs cachets de codéine que l’ophtalmo m’avait prescrits pour les migraines. C’est puissant la codéine, c’est un opiacé qui aide aussi à dormir. Assommé, je n’ai pas essayé mes lunettes, et de toute façon, je n’avais aucune envie de revoir cette tache au-dessus de ma tête. Je préférais nettement m’en tenir à une hallucination qui ne se reproduirait plus.

Dans mon cauchemar, des chuchotements m’ont réveillé en sursaut. Ça hurlait « Meurtrier ! Meurtrier ! ». Une odeur de pourriture a empli l’air de ma chambre, ma table de nuit vibrait et l’ampoule de la lampe grésillait. Je n’ai pas eu besoin de mes lunettes pour voir la tâche au plafond. Elle s’est aussitôt étirée vers moi comme un énorme ver de sang. La pointe s’est affinée pour venir me toucher. J’étais pétrifié, plaqué contre mon lit, impossible de bouger. Pourtant, dans un réflexe pour sauver la paix de mon âme, j’ai mis les lunettes noires et c’est là que je l’ai vu !

Un corps décharné et décapité tendait un bras vers moi. J’ai été si surpris que je me suis jeté hors du lit mais ma tête a heurté le coin de la table de nuit et j’ai vu 36 chandelles. Vautré sur la moquette, il m’était réellement impossible de faire autre chose que de geindre et de regarder le cadavre sans tête se décrocher du plafond et tomber à mes pieds. J’étais au bord de la crise cardiaque, mon cœur cognait dans ma poitrine, ma gorge, mes tympans. Au moment où j’ai cru que le décapité allait se jeter sur moi, il s’est brusquement tourné vers la porte de la chambre qui s’est ouverte toute seule. En claudiquant il a traversé la salle de jeu, a monté les cinq marches menant au rez-de-chaussée ; la porte  s’est encore ouverte toute seule.  « Meurtrier, meurtrier ! » a retentie dans le salon. Une poignée de secondes plus tard, autre chose a dévalé les escaliers : mon père furieux. J’ai juste eu le temps de cacher mes lunettes et de grimper sur mon lit. Alors que ce salaud me corrigeait, il me hurlait qu’il n’était pas un meurtrier ! J’ai crié que ce n’était pas moi, que c’était la chose du plafond ! Son poing s’est figé net. Il m’a sondé de son regard exorbité avant de tourner tout doucement la tête vers le plafond. Il est resté une bonne minute comme ça, le nez en l'air, le visage grimaçant, la respiration saccadée. Il a marmonné une bouillie de mots, m’a de nouveau regardé, puis il est reparti sans plus rien dire. C’était l’horreur.

Le lendemain matin, avant le petit déjeuner, j’ai eu le droit à un interrogatoire digne de la Gestapo. Toutes les questions portaient sur ce que j’avais vu, entendu, à quelle heure, quand, comment. Malgré les taloches, je ne leur ai rien dit. Ça me faisait plaisir de les voir paniquer, de voir la peur crisper leur visage. Restez à savoir pourquoi, ce qu’ils savaient, ce qu’ils me cachaient.

Mon père a filé au garage. Il est revenu avec une pioche, a traversé le salon puis s’est enfermé dans sa chambre. Des coups sourds ont commencé à faire vibrer le sol. Ma mère l’a rejoint et le suppliait d’arrêter. Cet enfoiré n’écoutait rien et continuait à frapper, à s’acharner sur le parquet. On a sonné à la porte d’entrée. C’était mon meilleur et seul ami. Je suis parti avec lui, heureux de quitter cette baraque de fous.

Didier, le père de mon pote a téléphoné au mien pour que je déjeune avec eux. Personne n’a répondu alors je suis resté. Bien que je n’eusse absolument pas besoin d’entendre ça à ce moment-là de ma vie, Didier nous a racontés une histoire effrayante pendant que nous déjeunions : cinq ans auparavant, un riche fermier possédant de nombreuses terres dans la région a disparu sans laisser de traces. Quelques mois après sa disparition, un pêcheur du dimanche dont la ligne s’était prise dans la vase de la rivière, a remonté… une tête dans un état de décomposition avancée. Les analyses génétiques ont confirmé qu’il s’agissait bien de la tête du fermier. Malgré de nombreuses recherches on ne retrouva pas son corps. J’ai cru que cette sordide histoire allait en rester là jusqu’à ce que le père de mon pote me susurre à l’oreille, comme s’il voulait que personne d’autre que moi n’entende la terrible conclusion de son récit : dès la confirmation de sa mort, les terres furent vendues, sa ferme détruite et l’argent âprement disputé entre les héritiers dont l’un était mon père !

L’esprit plein de doutes je suis rentré en fin d’après-midi. Qui avait bien pu commettre ce meurtre si atroce ? Pourquoi n’étais-je au courant de rien ? Qui était ce membre éloigné de ma famille ? Avec ce qui s’était passé hier soir je me sentais très mal, mon esprit faisait de terribles rapprochements.

Mon malaise s’est s’amplifié quand j’ai découvert le salon de leur étincelante demeure sens dessus dessous, quand j’ai vu la cuisine retournée, de la vaisselle cassée et des meubles pleins de poussière ! Je me suis dit qu’ils avaient dû se battre mais non, mes parents riaient à gorge déployée ! Ils s’en foutaient royalement et dansaient entre les meubles retournés, s’embrassaient sans aucune retenue ! Quand ma mère a enfin croisé mon regard ahuri, elle m’a même demandé si je voulais jouer avec elle ! Je ne comprenais rien de leur brusque changement d’attitude et je ne suis ressorti de ma chambre qu’après m’être enfilé plusieurs cachets de codéine. Au dîner, j’ai aussi halluciné car ma mère adepte de la cuisine équilibrée venait de faire livrer quatre énormes pizzas ! Je n’avais guère d’appétait mais eux se sont goinfrés comme jamais auparavant, buvaient de grands verres de coca-cola en s’en foutant partout, pétaient et rotaient en se marrant comme des gamins. Entre deux bouchées ils me racontaient des morceaux de leur vie que je ne comprenais pas trop, des bribes incompréhensibles dont je me foutais royalement. Parfois ils s’arrêtaient et m’observaient fixement sans rien dire.

Mon malaise est redescendu de plusieurs crans quand mes parents ont été se coucher main dans la main, en train de pouffer, sûrement à l’idée de baiser. C’est la première fois que je les entendais faire l’amour. Plus tard j’ai appris que pousser des grognements de porc n’était pas faire l’amour. N’ayant aucune envie d’aller me coucher et préférant rester loin de ma chambre, j’ai regardé la télé jusqu’à finalement m’endormir.

« Meurtrier, meurtrier » ! Le seul réflexe qu’on peut avoir quand on se réveille en sursaut c’est de se jeter à terre. Les lumières du jardin qui passaient par les baies vitrées, s’éteignaient, s’allumaient, ça faisait comme des flashs dans le salon. J’ai entendu la porte du sous-sol grincer et j’ai aussitôt regardé dans sa direction : une forme sombre claudiquait vers moi ; « Meurtrier, meurtrier » grondait-elle d’une voix caverneuse. Je me suis levé d’un bond et j’ai couru jusqu’à la cuisine où j’ai retiré un couteau de boucher du bloc posé sur le comptoir. Je me suis retourné et la forme était déjà là, face à moi ! C’était le corps décapité entrevu l’autre soir. Il restait là, sans bouger, sans m’attaquer. Ça puait le diable. Les flashs s’étaient accélérés, on aurait une nuit blindée d’éclairs avec de très brefs moments d’obscurité. C’est à ce moment que j’ai entendu une voix dans ma tête me demander de mettre mes lunettes. J’ai hésité quelques secondes puis je les ai retirées de la poche arrière de mon jean. Je les ai posées sur mon nez avec une certaine appréhension et ce que j’ai vu me sidéra : un vieil homme à l’air sympathique ! Toutefois, son corps couvert d’une salopette maculée de boue, était un peu étrange, mal proportionné : des bras longs et maigres, un gros bide et des jambes dont l’une était plus courte que l’autre, formaient sa silhouette. Il s’est brusquement retourné et a traversé le salon en boitant jusqu’à chambre de mes parents. Les flashs donnaient l’impression qu’il avançait par à-coups. J’entendais des chuchotements dans ma tête, des chuchotements me dire « tes parents sont des monstres, tes parents m’ont tué, viens voir les monstres ! ».

 C’était effrayant, mais il fallait percer l’abcès, en avoir le cœur net, car l’attitude de mes parents aujourd’hui n’avait pas été normal, à condition bien sûr qu’un jour mes parents aient été normaux ! Mon cœur battait la chamade quand je me suis approché de leur chambre. Le vieil homme a attendu que je sois près de lui pour baisser la poignée de la porte.

Les gonds ont grincé comme un cri sinistre dans la nuit. Des grognements, peut-être des ronflements se sont mélangées aux voix dans ma tête. « regarde, regarde » me disaient-elles sans cesse. Et j’ai regardé…

Ce que j’ai ressenti cette nuit-là c’était de la peur mélangée à de la haine. Ces êtres étaient enlacés l’un contre l’autre et grognaient à chaque respiration. Ils me dégoûtaient et m’effrayaient à la fois ! Les flashs me permettaient d’apercevoir leur peau rougeâtre, leurs bras terminés par trois serres et la maigreur de leurs jambes entourées d’une longue crinière noir jusqu’aux talons pointus. J’ai aussitôt retiré mes lunettes, mais cela n’a rien effacé ! Les monstres étaient là, mes parents étaient toujours là ! J’ai hurlé de peur et de rage et ils se sont redressés d’un seul coup ! J’ai alors vu leurs yeux ronds et laiteux, leur visage décharné, figé sur un large sourire percé de dents pointues d’un rouge éclatant !

Celui de gauche s'est levé et m’a demandé ce que je foutais dans sa chambre. C’était la voix de mon père ! C’était lui, il n’y avait plus de doute ! J’ai alors vu le vieil homme se jeter sur lui et le mordre, le frapper si fort que des bouillons de sang ont éclaboussé mon visage et mes vêtements. L’autre a voulu lui porter secours mais il s’est littéralement fait dépecer devant moi, mis en pièce avec je ne sais quel objet tranchant. C’était déjà trop pour moi, ma raison a vacillé et je me suis enfui le plus loin possible de cet enfer…

Je ne sais plus comment j’ai atterri à l’hôpital. Je suis resté plusieurs semaines en observation. Traumatisé, je n’ai retrouvé la parole que très tard mais je ne sais plus trop quand. Devant la porte de ma chambre, un policier assurait constamment ma protection. Sans doute avait-il peur que d’autres montres viennent se venger ?

J’ai passé 22 ans en hôpital psychiatrique et j’ai passé 22 ans à clamer mon innocence. Enfin non, 20 car depuis 2 ans j’admets que c’est moi et que je regrette beaucoup beaucoup. Enfin c'était uniquement pour leur faire plaisir à tous ces monstres en blouse blanche, uniquement pour sortir de l'hôpital. Si on a retrouvé l’arme du crime, un couteau de boucher, on n’a jamais retrouvé les lunettes de mon grand-oncle. Ouais, le fermier était le frère de mon grand-père paternel, un vieil homme excentrique brouillé depuis plusieurs décennies avec sa famille. En société, il utilisait un faux nom pour qu’on lui foute la paix ! Je me demande qui a bien pu retrouver sa trace avant qu’on ne retrouve son cadavre décapité dans le ciment du plafond de ma chambre. On l’aurait mis là alors qu’il était déjà mort depuis 5 ans. Enfin ce n’est qu’un détail, vous connaissez la suite, il s’est vengé des monstres…


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Attention, certaines nouvelles sont déconseillées au moins de 12 ans. 

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lundi 31 octobre 2016

Le texte Audio de Confidences (finaliste du concours de nouvelles Shortedtions)



Confidences, la nouvelle d'horreur finaliste du dernier concours de Shortédtions, a été mise en scène et joué par un groupe dont je ne connaissais pas le nom mais qui adore les histoires d'horreur. Si pour la nuit d'Halloween vous désirez écouter cette histoire d'horreur, n'hésitez pas à cliquer sur le lien ci-dessous- BON HALLOWEEN A TOUTES ET TOUS.



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dimanche 16 octobre 2016

Aidez-moi mon Dieu



« Oh mon dieu aidez-moi à surmonter cette épreuve, accordez-moi votre miséricorde, ne me faites plus souffrir, aidez-moi à ne plus succomber à la tentation, ne la faites pas descendre, pitié, pas encore une autre fois ».

J’entends ses pas, ses affreux pas dansent sur le plancher au-dessus de moi.

« Pitié mon Dieu, elle va venir me faire mal à la tête, mal à l’âme. Trop de souffrances, trop de hurlements, mon cœur ne le supportera plus ».

Au-dessus de l’escalier, j’entends des gonds grincer. Elle ouvre la porte et descend doucement les marches. Ses genoux craquent dans le silence. Eclairé par le couloir derrière elle, un couteau brille dans sa main tendue. Ses cheveux longs et noirs me font si peur, son visage pâle me rend malade.

« Sainte Marie mère de Dieu, ayez pitié de votre brebis égarée, ne la laissez pas venir à moi, ne la laissez pas approcher. Je vous ai tant prié la nuit dernière, tant prié que tout s’arrête. » 

J’ai soudain des nausées. Je pose une main sur ma bouche, mais trop tard, je vomis sur mes pieds. J’espère qu’elle ne m’a pas entendu, elle pourrait se fâcher, elle pourrait hurler et me faire du mal, comme ma mère autrefois.

Elle descend les marches de l’escalier une à une. J’entends ses chevilles craquer. On dirait qu’elle prend son temps pour mieux me torturer l’esprit, pour me terrifier avec lenteur et délectation. Ses yeux sombres sondent la semi-obscurité de la pièce.

« Oh mon Dieu, faîtes la partir, je ne veux pas que tout recommence, j’ai si mal… »

Mais peut-être que j’ai une chance ? J’ai changé d’endroit et elle ne le sait pas. Peut-être qu’elle ne me trouvera pas ? Je suis dans le placard, elle ne sait pas que je suis caché dans le placard à balais où je me suis enfermé il y a des heures, au sous-sol.

Dans le jeu de la porte, je vois ses yeux exorbités, affolés, déments. J’entends sa respiration saccadée, les battements de son cœur. Ça l’excite, ce jeu l’excite, elle prend son pied à venir lentement me chercher, comme si elle jouait à cache-cache avec sa proie, sa victime. Ma mère faisait pareil AVANT de me dire bonne nuit EN HURLANT ! D’ailleurs c’est dingue comme elle ressemble à ma mère, c’est son portrait craché ! ELLE VA AUTANT GUEULER QUE CETTE IMMONDE TRUIE !

***


« Merci mon Dieu, de ne pas avoir exaucer mes prières, car que serais-je sans la souffrance des truies ? »



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jeudi 13 octobre 2016

Remplacements




Bonjour. Je m’appelle Feng. J’ai 15 ans. Je vais vous raconter mon histoire avant d’en finir avec la vie. Personne ne me croit. Ni les docteurs, ni les psys, ni mon père. Ils disent que j’étais dans le vol qui a disparu. Ils disent que j'ai tout inventé. Ils disent que je suis fou. Je suis normal, tout à fait normal. Alors peut-être que les lecteurs de ce site consacré aux morts suspectes me croiront. Si vous voulez copier mon histoire sur d’autres sites, n’hésitez pas à le faire, vous avez mon accord. Euh, mettez juste que c’est l’histoire de Feng de Pékin. Et dîtes qu’elle est vraie. Surtout qu’elle est vraie et que je n’ai rien inventé. J’étais bien dans ce vol, et il s’est passé quelque chose pendant mais je ne m’en souviens plus. Alors ouais, dîtes tout ça aux autres et ne transformez rien.

Ma mère avait 43 ans quand les évènements se sont produits. J’avais treize ans en 2014. Ma mère et moi revenions d'un voyage en Malaisie. On avait pris le fameux vol. Pas celui d’avant ni celui d’après, le fameux vol.

Dès qu'on a posé un pied à l'aéroport, j’ai trouvé ma mère différente, changé, sans vraiment comprendre pourquoi. Sa main était glaciale mais je me suis dit qu’elle avait peut-être pris froid pendant le vol. Pourtant, le soir même de notre retour, quand j’ai été me coucher et que je lui ai dit bonne nuit, son baiser sur mon front était aussi glacial que sa main. Et le bruit de son baiser, un long bruit de succion. Elle m’embrassait rarement sur le front (elle disait que c’était les vieillards qui embrassaient comme ça) et jamais aussi longtemps.

Les premiers soirs, j'ai trouvé ça vraiment étrange puis j’ai fini par m’y habituer. Même à la froideur de ses lèvres. Enfin non, pas vraiment, puisque dès qu’elle avait le dos tourné je m’essuyais le front en lui demandant de bien fermer ma porte. Ce n’est pas que j’avais peur de ma mère, mais je détestais ses baisers bruyants en pleine nuit. Oui, un autre truc qu’elle ne faisait jamais : elle se levait en pleine nuit et sans allumer la lumière de ma chambre, elle venait m’embrasser. Ça me réveillait à chaque fois putain. Alors elle ricanait, s’excusait et repartait en chantonnant, heureuse de la trouille qu’elle me filait. Enfin si c’en était restait là, j’aurais pu grandir « normalement » et je n’aurais pas péter les plombs toutes les quatre minutes. 

Mes parents étaient divorcés depuis cinq ans et j’étais fils unique. Chow, c’était ma voisine et ma nounou quand j’étais haut comme trois pommes. Un après-midi (une semaine après notre retour de Malaisie), Chow m’a demandé de m’asseoir et m’a questionné au sujet du comportement ma mère. Chow trouvait qu’elle était différente depuis notre retour. Elle la trouvait dans la lune et que ses pertes de mémoire commençaient à sérieusement l’inquiéter. Elle disait aussi qu’elle s’était inventé une autre vie là-bas en Malaisie, qu’elle prétendait avoir un garçon de mon âge et qu’elle lui avait promis de le retrouver bientôt. Enfin, Chow m’a demandé si j’avais remarqué que ma mère perdait ses cheveux ? Je lui ai répondu que je n’en savais rien. Elle m’a alors montré une grosse touffe de cheveux noire aux reflets acajou, identiques à ceux de ma mère. Ça m’a un peu effrayé et c’est à ce moment précis que j’ai commencé à observer plus attentivement ma mère et à noter des détails dans un carnet secret. J’avais treize ans quand je l’ai écrit et j’ai corrigé les fautes d’orthographes mais excusez s’il en reste.

Samedi 8 mars 2014
Maman est restée en pyjama jusqu’à midi. D’habitude, après le petit déj, elle se maquille et s’habille, même pour rester à l’appart.  Puis elle m’a dit qu’elle allait chez le coiffeur. J’ai alors cru qu’elle allait se changer, mais au lieu de ça elle a un pris une paire de ciseaux dans le tiroir de la cuisine. Puis elle est monté à l’étage et s’est enfermé dans la salle de bains. Je l’ai observé par le trou de la serrure. Devant la glace, toujours avec son pyjama sur le dos, elle a coupé de grandes mèches de ses longs cheveux noirs. Je pouvais voir sa nuque s’éclaircir. Le pire c’est qu’elle les coupés de travers. Les cheveux tombaient sur ses épaules de son pyjama, dans le lavabo, sur le meuble et le tapis de douche. Elle qui était si maniaque s’en fichait. Puis elle a posé la paire de ciseaux et a fait une chose tellement dégueulasse que j’en frissonne encore : elle a ramassé tous ses cheveux, en a fait un tas, puis a pioché dedans. Après avoir une bonne poignée, elle l’a portée à la bouche et commencé à les macher !!  J’ai posé une main sur ma bouche pour ne pas crier. Elle s’est retournée vers la porte en mâchant toujours ses cheveux !! Elle a froncé les sourcils, ses yeux bleus m’ont semblé devenir noires. Elle a marché doucement vers la porte, comme un chat vers sa proie. J’ai bondi jusqu’à ma chambre qui était fort heureusement à côté de la salle de bains et j’ai sauté sur mon lit. Mon cœur battait le galop. J’ai entendu le grincement de la porte puis ses pas on fait craqué le plancher. Puis sa tête, juste sa tête, a dépassé de l’encadrement. Les yeux écarquillés, grand ouvert, elle me regardait. Heureusement j’avais un livre sur mon lit et j’ai fait semblant de lire. Après une bonne minute d’observation elle m’a demandé si j’allais bien et je lui ai répondu ouais sans la regarder. Elle est repartie et s’est de nouveau enfermée dans la salle de bains.

Dimanche 9 mars 2014
Je n’ai pas bien dormi cette nuit. J’ai fait plein de cauchemars. Je voyais ma mère m’arracher les cheveux avec ses dents puis les manger en ricanant. Du sang me coulait sur le visage et ma mère le lécher. C’était horrible. Heureusement qu’elle s’est comportée normalement aujourd’hui, sinon je me serais enfui chez papa. J’ai voulu aller en parler à Chow, mais elle est partie en week-end. Hâte qu’elle revienne.

Lundi 10 mars 2014
J’ai encore mal dormi et fait le même cauchemar. Qu’est-ce qui se pase ? Ma mère était normale avant le voyage, même dans l'avion. Enfin je crois, car j'ai dormi tout le long du vol. Je suis allé voir Chow et je lui ai expliqué pour les cheveux. Elle a été choquée et m’a dit qu’elle allait en parler à un ami qui est psycho quelque chose. Elle m’a dit aussi de ne pas m’en faire et de continuait à lui dire comment elle se comporter. Ah oui, elle doit encore me montrer un truc que ma mère a perdu sur son paillasson. Enfin, elle est pas sûre que ce soit à elle.

Mardi 11 mars 2014
Toujours le même cauchemar. En pire à cause du doigt. C'était le truc que Chow devait me montrer. Elle m’a demandé si c’était à moi et je lui ai dit que non. Et puis il était bien trop grand. Et puis bien trop long aussi. Ah oui, c’était un doigt en plastique, sans ongle, en silicone, pas en chair humain comme je l’ai cru au début. Il n’appartenait pas à ma mère non plus puisque j’en ai compté douze. Euh dix. Ses cheveux ont repoussé. C'est comme si elle ne les avait jamais coupé. Je n’ai pas envie qu’elle les mange encore. Chouette demain c’est mercredi et Chow m’emmène au cinoche. Vivement que tout redevienne normal.

Mercredi 12 mars 2014
J’ai trouvé Chow très étrange. Elle a pas dit un mot de tout le film. Ni après. Quand on est arrivé à notre étage, elle m’a demandé si elle pouvait fouiller la chambre de maman. Je lui ai dit que je ne savais pas. Elle a insisté et m’a fait promettre de ne rien lui dire. C’était pour sa guérison qu’elle a dit mais d’abord il fallait comprendre. Chow a trouvé un ongle peint avec du vernis rouge. Le même que maman. Chow l’a essayé sur le doigt et ça rentrait dans l’empreinte de l’ongle. Quand maman est rentrée à la maison, j’ai discrètement vérifié ses mains et il ne manquait ni doigt ni ongle. J’ai juste trouvé sa peau un peu dure et toujours froide mais je m’y étais habitué.

Jeudi 13 mars 2014
Je crois que je ferai ce cauchemar toute ma vie. En plus de m’arracher les cheveux avec ses dents, ma mère me crevait aussi les yeux avec ses ongles rouges. Puis elle les croquait en riant. C’était horrible. J’ai pris l’habitude d’avoir une bouteille d’eau à côté de moi. Après un cauchemar j’en bois un peu, ça me calme. Cette nuit, la bouteille était vide. Je me suis levé pour la remplir et quand je suis passé devant la porte de la chambre à maman, j’ai entendu des cris étouffés. J’ai eu si peur que tout mon corps tremblait. Malgré ça je voulais savoir ce qui se passait. J’ai alors regardé par le trou de la serrure. Je voyais le visage de ma mère et une partie de son corps allongé sur le lit. Elle dormait la bouche grande ouverte. Les petits cris étouffés semblaient venir de là. J’ai pensé qu’elle faisait un cauchemar. J’ai aussi remarqué près de sa table de nuit un verre avec deux billes blanches à l’intérieur. Ça brillait un peu. Je n'avais jamais vu ça avant, même quand plus jeune je dormais avec elle. Puis j’ai été remplir ma bouteille et je me suis recouché. J’ai réussi à me rendormir.

Vendredi 14 mars 2014
Chow est morte (des années plus tard j’ai su la cause de sa mort : asphyxie des poumons par écrasement des côtes). Je l’ai appris après être rentré du collège. Y’avait des flics qui allait et venait chez elle. Maman était déjà là. Elle avait pris son après-midi. C’est elle qui me l’a dit pour la mort de Chow. J’ai pas joué les durs, j’ai pleuré. Je lui ai même demandé de dormir avec elle car je lui ai dit pour les cris étouffés de la nuit derrière. Elle m’a rit au nez et m’a demandé de me mêler de mes affaires. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai un mauvais pressentiment, je redoute la nuit qui arrive.

 Je n’ai tenu mon journal que six jours. Car après la nuit du vendredi à samedi, je n’ai plus été capable d’écrire quoi que ce soit. Cette nuit-là a changé le cours de mon existence et a irrémédiablement modifié ma vision des choses sur un monde soi-disant normal.

Pour « oublier » la mort de Chow, ma mère a rapporté un Mc Do. Elle n’a pas versé la moindre larme pour une de ses meilleures amies. C’est à peine si elle s’en rendait compte. J’ai trouvé ça un peu choquant mais j’ai mis ça sur son comportement étrange. Je me disais qu’elle allait finir par réaliser que d’ici quelques jours, notre voisine était bel et bien morte.

Pendant le repas devant la télé, je ne cessais de regarder ses mains, ses yeux, ses cheveux. Je ne sais pas pourquoi, mais je ne les trouvais pas naturels. C’était juste une impression, pas une certitude. Sans doute avais-je en tête ce doigt en plastique que Chow m’avait montré et ce cauchemar qui laissait une saveur glauque à mes journées. Son bisou du soir sur mon front s’est aussi avéré plus court et moins bruyant que d’habitude. Et puis elle m’a serré fort dans ses bras. J’ai cru qu’elle allait m’étouffer. Puis elle m’a dit une phrase que je n’oublierais jamais : « même la mort ne nous séparera pas ». Je me suis dit alors que ma mère m’aimait beaucoup et j’ai rapidement trouvé le sommeil, toujours dans l’espoir d’un retour au calme…

En pleine nuit, mon inconscient m’a alerté de quelque chose et m’a doucement réveillé. J’ai aussitôt entendu des cris étouffés. J’ai eu peur pour ma mère et j’ai bondi du lit.

Allongée sur les couvertures, ma mère dormait la bouche grande ouverte. Elle n’avait pas fermé les volets et la lumière d’un réverbère donnait une atmosphère orange-sombre à sa chambre, un peu comme dans un parking mal éclairé.

En m’approchant, les cris étouffés se sont arrêtés. Puis j’ai entendu « aide-moi, pitié, aide-moi ». Ça venait de sa gorge. Sa glotte allait et venait sur la peau de son cou. Mais sa bouche restait fixe, toujours grande ouverte. Le verre sur la table de nuit a fait un bruit comme s’il se déplaçait. J’ai regardé et j’ai vu que les deux boules étaient en fait deux yeux en verre. Leurs iris bleus (comme ceux de ma mère) me fixaient. De peur, j’ai failli pisser dans mon froc. J’ai à nouveau entendu « aide-moi, pitié, aide-moi » sortir de sa gorge.

Après un craquement sinistre sa tête s’est tournée vers moi. Deux orbites vides me fixaient horriblement. Et au fond, tout au fond de cette bouche ouverte et de ces orbites vides, j’ai vu quelque chose d’impossible à croire et qui deux ans après me hante encore.

J’ai vu un œil injecté de sang au tout fond de chaque orbite, j’ai vu des lèvres éclatées au fond dans la bouche grande ouverte et ce sont ces lèvres qui poussait des cris étouffés et qui bougeaient en disant « aide-moi, pitié, aide-moi ». J’ai voulu m’enfuir, mais une main glaciale a attrapé mon poignet. Je me suis débattu comme un fou et j’ai réussi à lui échapper. Cette chose s’est précipitée derrière moi et m’a pourchassé dans le couloir. J’entendais rire, mais aussi « « aide-moi, aide-moi ».

Je me souviens que sur le plancher du premier étage son pas faisait un drôle de bruit, comme des coups de marteau sur du bois. On avait un duplex et j’ai dévalé les escaliers quatre à quatre puis j’ai commencé à déverrouiller la porte d’entrée. J’ai alors entendu un bruit sourd derrière moi, puis un cri aigu. La chose est tombée dans les escaliers puis s’est disloquée pièce par pièce. La tête a roulé jusqu’à mes pieds. Ses orbites étaient creuses et totalement vides. Plus rien à l'intérieur. J’ai alors levé la tête et j’ai vu une silhouette sombre plus petite, plus mince, de travers sur les marches de l’escalier. Son corps était cassé en deux, mais sa tête me fixait. C’est là que j’ai reconnu les yeux grands bleus de ma vraie mère. C’était effroyable et je me suis enfui en hurlant. Après c’est le trou noir, mais je crois que sur le trottoir un éboueur m’a recueilli et m’a emmené à l’hôpital…

Je me suis réveillé dans une chambre verte et bleue. Mon père était assis près de moi et dormait une main dans la mienne. J’ai dû le réveiller en bougeant et il m’a aussitôt serré dans ses bras en pleurant comme une petite fille. Je n’ai compris pourquoi qu’au bout de longues et interminables minutes : il a cru que j’étais mort avec ma mère lors de l’accident d’avion du vol MH 370 de la Malaysia Airlines. C’est tout simplement impossible.

______________________


Note wikipédia : Le vol 370 Malaysia Airlines (code AITA : MH370) est un vol international régulier de la compagnie aérienne Malaysia Airlines reliant Kuala Lumpur à Pékin. L'appareil, un Boeing 777 qui transportait 239 personnes dont une majorité de ressortissants chinois, est porté disparu depuis le 8 mars 2014.

Complément d'information : parmi les nombreuses théories du complot lues sur internet, l'histoire du jeune suicidé voudra en retenir deux : L'avion n'a jamais décollé et les passagers auraient servi à certaines expériences secrètes ou, en concordance avec certains phénomènes lumineux observées cette nuit-là, l'avion aurait mystérieusement disparu en plein ciel...  


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dimanche 2 octobre 2016

L'amour avec un grand A



Dès que mon regard a croisé le sien, je l’ai aimé. J’ai eu comme qui dirait le coup de foudre. Mon cœur s’est emballé et je n’avais plus qu’une seule idée : la posséder. Cela n’a pas été facile au début, plutôt éprouvant même, car elle était mariée. Pourtant, dès le premier soir, elle a accepté de coucher avec moi. Ce fut la nuit la plus torride, la plus extraordinaire, la plus merveilleuse que je n’ai jamais connue. J’ai tout de suite su que ce n’était pas de la passion, mais l’amour avec un grand A. Nous étions unis comme les cinq doigts de la main, nous étions inséparables, nous restions collés l’un contre l’autre des journées entières, à regarder la télé, à écouter de la musique, à manger n’importe quoi, à vivre d’amour et d’eau fraîche…

Mais le temps des formalités est arrivé, car pour moi il était hors de question qu’elle continue à porter le nom de mon meilleur ami. Elle a alors commencé à changer, à devenir distante et froide. J’avais l’amère impression qu’elle ne voulait pas divorcer. J’ai essayé de la convaincre à de très nombreuses reprises, mais y’avait rien à faire, c’était une vraie tête de mule ! Elle a d’ailleurs fini par m’en vouloir et en plus d’être silencieuse, elle passait son temps à me regarder d’un air méprisant, presque effrayant.

La seule chose qui me faisait plaisir c’était son ventre gonflé. Le bébé approchait et j’en étais fou de joie. J’avais décidé qu'elle accouche à mon domicile et le jour où s’est arrivé, quand elle a perdu les eaux, j’étais fin prêt à accueillir mon enfant. Malheureusement, le bébé est mort dans mes bras…


La perte de notre enfant a mis un terme à notre belle histoire d’amour. J’ai remis ma femme dans la brouette puis je l’ai ramenée au cimetière, dans sa tombe…



Cette creepypasta est issue du recoin le plus SOMBRE de mon esprit. Vous désirez lire d'autres histoires d'épouvante et d'horreur ? Alors téléchargez sur Amazon mon dernier recueil et ses 18 récits terrifiants pour passer de très mauvaises nuits...

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Attention, certaines nouvelles sont déconseillées au moins de 12 ans. 


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mercredi 21 septembre 2016

Le monstre du verre de lait



Affaire des "monstres" au verre de lait.
Texte piraté par DeepSkull pour le Journal « le détective du Net ».
Affaire suspecte n°3.
Affaire suspecte n°4 en cours de décryptage.

Ce qui suit est la synthèse d’une suite d’entretiens entre « l’accusé principal » du dossier et le psychanalyste Joseph M-------, travaillant à la section des terreurs nocturnes de l’hôpital B----. Nous avons volontairement réarrangé les réponses de l’accusé pour en faire un témoignage assez court. Alors, qui croire ? Coupable ou innocent ? Bonne lecture à tous nos abonnés.

Comme tous les soirs ma mère nous apportait un verre de lait aromatisé à la cannelle. Soit elle nous le donnait, soit elle le posait sur notre table de nuit. Ma sœur dormait sur le lit côté opposé au mien et finissait toujours ce verre de lait la première. Moi, je prenais mon temps, j’aimais le déguster, souvent en pleine nuit. Après un cauchemar, ça me rassurait de le boire. J’avais l’impression que ma mère se trouvait dans notre chambre et me susurrait les paroles d’une comptine. Je l’entends encore aujourd’hui ma pauvre mère…

Tout a commencé en pleine nuit. Ma maison était située un peu à l’extérieur du village, loin de la route, loin des bruits de la circulation. Parfois, on entendait des aboiements lointains, parfois c’était le hululement d'une chouette qui venait troubler mon sommeil. Cette nuit-là c’était silencieux, très silencieux. La lumière pâle d’une pleine lune filtrait à travers les rayons des volets de la fenêtre. Ça offrait une certaine pénombre à la chambre. On distinguait vaguement les meubles, les posters, la table de nuit, la silhouette de ma sœur allongée sous sa couette.

Je me suis réveillé à cause d’un sale cauchemar. J’ai aussitôt pris mon verre de lait pour me rassurer. Mais il était vide. Oui, vide. Je n'y avais pas touché quand ma mère a éteint la lumière. J’ai songé à réveiller ma sœur, à lui demander si c’est elle qui avait bu mon verre de lait. Je ne l’ai pas fait. C'est idiot, mais je n’ai pas réussi à me rendormir tout de suite à cause de cette question qui trottait dans ma tête : qui avait vidé mon verre de lait ? Alors qu'au petit matin je parvenais enfin à me rendormir, j’ai entendu comme des craquements, des bruits de pieds faits avec l’os du talon sur le plancher. Ça se dirigeait vers le placard. Je n’ai rien vu alors j’ai pensé que ça venait du plancher en bois du couloir qui craquait de temps en temps. J'aurais tant aimé me tromper.

Le lendemain matin, ma sœur m’a affirmé ne pas avoir bu mon verre de lait. Elle m’a juste dit qu’elle avait ouvert un œil, car elle aussi avait entendu des craquements.

Le soir suivant, j’ai fait la même chose, j’ai laissé mon verre de lait intact. Ma mère ne m’a pas posé de questions sur le pourquoi du comment. Elle connaissait cette habitude, car quand j'étais très jeune, j’ai souffert de terreurs nocturnes et un verre de lait me calmait après mes cauchemars.

Je ne sais pas pourquoi j’ai eu du mal à m’endormir. Je me trouvais stupide d’angoisser pour un verre de lait que ma sœur aurait bu. J’ai toutefois fini par trouver le sommeil. Pas longtemps je crois. Des chouinements m’ont réveillé. J’ai aussitôt allumé la lampe-chevet. Je n’ai rien vu. Sauf mon verre de lait vide. Je me souviens avoir ressenti comme un coup de couteau dans le cœur. Ça m’a fait très mal. Je me suis levé d’un coup et j’ai secoué ma sœur par le col en lui criant dessus. J’étais furieux. Elle s’est aussi mise à crier. Ma mère est entrée en courant dans la chambre et nous a séparés. Je lui ai dit pour le verre de lait. Elle n’en revenait pas de ma stupidité. Au moment où elle a été chercher un autre verre de lait, on a tous entendu un très léger ricanement. Ça venait du placard. On s’est tous regardés. Je m’en souviens très bien, ma mère était un peu angoissée à l’idée d’ouvrir la porte du placard. Malheureusement il n’y avait rien d’autre que nos vêtements suspendus à la tringle et nos jouets au sol. Mais moi j’ai vu le ballon rouler sur quelques centimètres ! Je jure qu’il a bougé ce putain de ballon ! Il a même cogné contre la porte quand ma mère l’a refermé !

Le lendemain matin, ma mère m’a de nouveau engueulé, car ma sœur portait des traces de griffures au niveau du cou et de la poitrine. J’ai protesté, j’ai rétorqué que je l’avais juste attrapée par le col du pyjama. Elle ne m’a pas cru et m’a giflé. C’est la première fois qu’elle me giflait. Je lui en ai terriblement voulu. Mais ça va mieux aujourd’hui, oui bien mieux, enfin je crois, c’est sûr que je le crois.

Le soir suivant, ma mère m’a ordonné de boire ce « putain de verre de lait ». Elle n’avait pas décoléré. Je me suis exécuté sans broncher. C’est là qu’on a tous entendu une sorte de couinement, comme si un chien gémissait. Ça venait encore de ce maudit placard. Bien sûr il n’y avait rien quand ma mère l’a ouvert. Bien sûr, il n’y a jamais rien eu derrière cette porte, comme on me l’a si souvent répété. Pourtant j’ai encore vu le ballon roulé aux pieds de ma mère ! Mais tout ça, c’est de ma faute, je suis le seul coupable, oui le seul.

Tous les soirs, je devais finir mon verre de lait « illico presto ». Et à chaque fois que je finissais ce maudit verre de lait, on entendait des gémissements sortir du placard. Ma mère a fini par m’accuser de ça, de gémir dans son dos quand elle s’avançait vers la porte du placard pour vérifier ses bruits. Ma sœur était encore plus terrorisée que moi, car elle disait à ma mère que dans son sommeil, on allait venir lui gratter la poitrine. Ma mère était excédée de nous et de tout ce qui se passait dans cette chambre. Elle a carrément fini par nous traiter de menteurs. Je n'aimais pas qu'elle dise ça, j’ai toujours détesté qu’on me traite de menteur. C'est vrai qu'au fond de moi je commençais à ressentir des pulsions violentes envers elle.

J'ai commencé à perdre le sommeil. Je dormais par courtes périodes et je me réveillais en sursaut, le front trempé de sueur, le regard rivé sur la porte du placard. La quatrième ou cinquième nuit après le début du verre de lait vide, je l’ai enfin vu…

À peine sorti d’un cauchemar, j'ai subitement plongé dans un autre. Mais celui-ci était bien réel. Je vous jure qu’il était réel. Haletant, suant, je scrutais la pénombre quand, sur ma gauche, là où dormait ma sœur, j’ai vu sa couette bouger. Je me suis dit que ce n’était pas grave, que c’était juste un de ces bras ou une de ces jambes qui animait la couette. Mais non, non ce n’était pas ça ! C’était impossible que ça soit ça ! Ça roulait doucement dessous, ça allait et venait, ça formait des bosses de tissu. Et puis ça mâchait, je suis sûr que ça mâchait ! La tête de ma sœur gigotait, geignait, des sons comme des crachats sortaient de sa gorge. Et puis j'ai perçu une voix rauque et lente, une voix qui répétait « faiiiiiiiiim, laiiiiiiiiiiiiiit, veuuuux laiiiiiiiiiiiit ». J’ai hurlé. Ma mère a accouru. J’ai alors vu la chose rouler sous la couette avant de se jeter sur la moquette et courir jusqu’à la porte du placard qui s’est refermée en claquant. Mais bien sûr ma mère n’avait rien vu. Elle s’est pris la tête en hurlant, car ce qu’elle avait vu, c’était la couette tachée de sang de ma petite sœur ! Son corps, son pauvre petit corps, était recouvert de morsures produites par des dents pas plus grosses que des aiguilles à tricoter. Et puis son pyjama était complètement déchiré ! Ce n’était pas moi, vous comprenez maintenant que ce n’était pas moi, c’était le monstre du placard !

Le médecin a conclu à des morsures de rats localisées au niveau de la poitrine et des tétons. J’étais soulagé quand j’ai appris ça par ma mère. Mais ce fut bref. Ma mère ne croyait pas aux conclusions du médecin. Son regard pesant était là pour me culpabiliser. Même si elle ne le disait pas, je l'entendais hurler dans mon oreille « C’EST TOI LE MONSTRE QUI A FAIT ÇA ! TU ES UN MONSTRE !

Dans la journée qui a suivi l’incident, ma mère a décidé que ma petite sœur dormirait avec elle dans son grand lit inoccupé par mon beau-père en voyage d’affaires au moment des événements. Même si je n’étais pas coupable, je n’avais pas d’autres choix que de l’accepter. J’allais devoir rester seul avec la chose du placard…

Ce soir-là, ma mère ne m’a même pas dit bonne nuit. Sur le palier de la porte, elle m’a juste regardé en secouant négativement la tête puis, avec un index barrant ses lèvres, elle m’a fait « chuuuuuuuuuut ». J’ai retenu un cri, un hurlement devant cette injustice. Car elle me laissait seul avec la chose qui se trouvait dans mon placard et qui encore ce soir, n’aurait pas son verre de lait…

Je ne sais plus quelle heure il était quand j’étais entendu les premiers gémissements. Je ne dormais pas. Avec ce qui s’est passé cette nuit-là et jusqu’à aujourd’hui, je n’ai plus jamais réussi à dormir sans une forte de dose de somnifères. Et qui le pourrait après ce que j’ai vu, qui ?

Le placard a grincé. En pleurant, en tremblant, j’ai allumé ma lampe de chevet et malheureusement, la lumière n’a pas effacé cette vision cauchemardesque. J’ai vu une sorte de main aux longs doigts comme des crochets se poser sur l’extérieur de la porte ; j'ai vu sa peau craquelée et brune ; j’ai vu les phalanges épaisses tapoter le bois comme si ce monstre était énervé. J’ai entendu sa voix rauque et lente, j’ai entendu ces mots qui ont glacé mon sang : « mooooooon laiiiiiiiit, jeeee veuuuux moooon, laiiiiiiit ».

La chose est sortie si vite du placard que je n’ai vu que ses quatre longues mains et un petit corps rouge et ridé courir sur la moquette jusqu’à sous mon lit en criant. « laiiiiiiiiiiiiiiiit, laiiiiiiiiiiit ». Mon matelas s’était mis à bouger, le monstre le poussait par en dessous. « laiiiiiiiiiiiiiit, laiiiiiiiiiiiiiit » répétait-il sans cesse. Le matelas était carrément soulevé. À chaque coup, je hoquetais comme si on me mettait des coups de poing dans le dos et que ma respiration se coupait. « LAAAIIIIIIIIIIIT LAAAAAIIIIIIIIIIIIIIT » répétait-il encore et encore. Ma mère a subitement ouvert la porte. Et au moment de me hurler dessus, ses mots se sont bloqués dans sa gorge. Elle a vu cette chose, je sais qu'elle a vu ce monstre, car ses yeux se sont écarquillés d'horreur…

À une vitesse incroyable, la chose a bondi sur elle en criant : « LAAAAIIIIIIIIIT LAAAAAIIIIIIIIIIIIIT ». Ma mère était enceinte. Avec ses longues mains, j'ai vu le monstre cisailler sa chemise de nuit et lui mordre ses seins pleins de lait ; je l’ai vu arracher le fœtus de son ventre et ouvrir une gueule remplie de centaines de petites arêtes en émail. J’ai vu le sang gicler de son corps, éclabousser les murs et souiller le parquet en gros bouillons épais…

Je me suis évanoui. Ma tempe a dû heurter le coin de ma table de nuit dans ma chute, car je ne pouvais être ailleurs que dans ma chambre quand les faits se sont produits…

À l’hôpital, je suis resté une journée dans le coma. C’est mon beau-père qui m’a découvert dans la chambre de maman. Il a dit à la police que j’avais dévoré ma petite sœur jusqu’à ne laisser que sa tête arrachée et ses membres disloqués sur la moquette. Il leur a dit que j’étais le seul occupant encore vivant de cette maison. Il leur a dit que les fenêtres et toutes les portes étant hermétiquement fermées de l’intérieur quand il est rentré de son voyage professionnel vers 8 heures du matin, soit quelques heures après les faits. Mon beau-père ne m’a jamais aimé et une fois de plus il venait d’en faire la plus cruelle des démonstrations. Ce qu’il a oublié de leur dire, c’est qu’il avait ramené un truc qui cognait dans sa valise six mois plus tôt, lors d’un séjour au Guatemala. Moi et ma petite sœur l’avions dit à maman, mais elle nous a affirmé qu’il n’y avait rien dans cette valise. Alors pourquoi ne nous a-t-elle pas laissés le vérifier ? Je n’ai pas rêvé, j’en suis sûr qu’il y avait un truc dans cette valise !


Personne n’a compris ce qui s’est passé cette nuit-là, personne sauf moi. Les médecins n’ont trouvé aucun morceau de chair ayant appartenu à ma petite sœur ou à ma mère dans mon organisme. Hormis sur la scène de crime, la police scientifique en a toutefois trouvé des traces dans le placard de ma chambre. Et des gouttelettes de lait maternel sur ses murs...  



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