samedi 28 avril 2018

Comment fabriquer un vrai sapin de Noël ?



Sur le net, je cherchais la meilleure façon de décorer mon sapin, et je suis tombé sur ça :  

La bonne taille est 1m75. Ni trop grand, ni trop petit, c’est la taille idéale pour avoir un tronc de bonne facture. Une fois abattu, coupez bien le tronc à la base et au sommet, coupez autour aussi, dégagez le superflu de façon à bien planter le tronc dans le pied du sapin. Ensuite, élaguez toutes les branches, pelez-les à l’aide d’un couteau, puis plantez le bout de chaque branche dans le tronc. 

Pour les guirlandes, fouillez dans les restes, l’un doit atteindre 9 mètres à l’âge adulte. Alors, servez-vous-en et tournez autour du tronc de votre sapin à cloche-pied en chantant petit papa Noel !

Pour les boules, cela dépend du genre abattu. Si c’est un sapin mâle, cherchez dans le tas, il doit bien y en avoir deux séparés par une petite branche molle. Si c’est un sapin femelle du nord de l’Europe, généralement, les boules sont blanches avec un centre bleu. Si ce n’est pas le cas, elles seront vertes ou noisette, rarement d’une autre couleur, à moins de les avoir piétinées à coups de talon ? N’oubliez pas que pour bien accrocher vos boules, il est nécessaire de laisser un bon paquet de filaments.   

Pour les épines, badigeonnez les branches avec de la colle rouge et collez dessus tout ce que vous aurez épluché ou arraché autour de la tête du sapin désossé.

Enfin, pour l’étoile, fouillez la maison, et si vous trouvez une chose qui hurle, coupez-lui la tête et plantez là-dessus votre sapin fabriqué de toutes pièces par vos mains habiles. Ainsi, vous aurez l’impression que cet enfant vous remerciera éternellement d’avoir dignement fêté son Noël avec toute sa famille ! Alors, en mon nom et en celui de toute la direction représentée par votre humble serviteur, Joyeux Noël !

PS : Si vous n’avez pas ramoné votre cheminée ou si vous n’en avez pas, laissez votre porte ouverte, je me ferais une joie de vous apporter vos cadeaux en mains propres.





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samedi 21 avril 2018

La Grignoteuse




Je pensais ne courir aucun danger la fois où je l'ai vue escalader le grillage du jardin. Et puis, il y a eu la rencontre, l’enquête, les rumeurs, ma conclusion, ma fille et la nouvelle vision de la vieille dame dans mon jardin. Au moindre grattement derrière les murs, au moindre craquement du plafond, je sursaute et je frissonne de la tête aux pieds. J’ai tellement peur pour ma fille, tellement…

J’avais neuf ans à l’époque de ces faits terrifiants. Avec mes parents et mon frère, j’habitais une grande maison dans la banlieue toulousaine. Il y avait d’autres pavillons autour du nôtre, notamment celui de la veuve de l’ancien maire du village. C’était une femme très laide, mais très gentille. Elle ressemblait au cliché qu’on se fait tous d’une vieille sorcière, c’est-à-dire un gros poireau noir au bout de son nez crochu, un menton en galoche, des petits yeux perçants, de longs cheveux grisâtres entourés d’un châle sombre et d’une robe grise avec des grands escarpins à boucles. Ah non, j’allais oublier ses mains terriblement longues et osseuses, aussi grandes qu’un avant-bras. À contrario de son physique, le caractère de cette vieille dame était vraiment sympa et par les trous du grillage qui séparait nos deux jardins, elle nous filait des bonbecs avec des emballages multicolores. C’est sûr, on n’aimait pas trop ses mains mais l’amour des bonbons était bien plus fort que nos appréhensions.

Nous, c’est moi et mon frère aîné Philippe. Il n’a jamais été témoin de ce que j’ai vu, mais lui aussi entendait des grattements derrière les murs de sa chambre et la porte de son placard. Après avoir lourdement insisté, mon père a fini par poser des tapettes à souris dans divers endroits de la maison. Il ne se passait pas une nuit sans qu’une de ces petites bestioles ne se brise la nuque sous la fine barre de fer. Le lendemain matin, mon père s’arrangeait pour nous épargner la vue de leurs cadavres. Une fois, je l’ai entendu pousser un juron pas très loin de ma porte. Par le trou de la serrure, je l’ai vu partir vers la cuisine et j’en ai profité pour sortir de ma chambre. Mauvaise idée.

Il y avait une tapette dans un angle du couloir. La souris piégée avait été dévorée, son corps était éparpillé sur le carrelage ; les griffes étaient arrachées des pattes, des morceaux de chair et des entrailles gisaient autour de la tapette. Il y avait aussi des petits os cassés et grignotés. J’ai eu le temps de regagner ma chambre avant que mon père ne revienne. On n’avait pas de chats et je me demandais bien quel animal pouvait avoir fait ça. J’ai eu des nausées plusieurs jours après cette horrible découverte.

 Malgré les nombreux pièges, les grattements n’ont pas cessé. Parfois, dans la nuit, j’entendais les tapettes à souris claquer ; c’était effrayant. À cause des cadavres déchiquetés, mon père a fini par appeler un dératiseur. Le technicien est venu poser des boîtes rectangulaires avec du poison bleu à l’intérieur. Cela a été très efficace, les souris ont déserté la maison et les grattements ont presque tous cessé.  Je dis bien presque car parfois la nuit, j’entendais toujours un léger grattement sous la fenêtre de ma chambre.

Contrairement à celle de mon frangin, ma fenêtre donnait sur le grillage de la veuve du maire. Une fin d’après-midi, alors que je fermais mes volets, j’ai vu une masse noire monter rapidement ce grillage et redescendre de mon côté. C’était bien trop gros pour être un chat, quoique sur le moment, j’ai espéré avoir vu un animal. J’ai aussitôt alerté la famille, je leur ai dit avoir aperçu l’animal qui déchiquetait les souris. Mon père m’a fait sa tête des mauvais jours, car je n’étais pas censé être au courant de ce détail sordide. Avec mes mains, je lui ai montré la taille que faisait cet animal et il m’a répondu à juste titre qu’il était bien trop gros pour s’introduire dans la maison.

La « rencontre » s’est répétée le lendemain soir, toujours au moment où je fermais mes volets. J’ai hurlé pour que tout le monde m’entende, surtout que la masse sombre rampait vers le fond de notre immense jardin. Elle avançait un peu comme une chauve-souris, une patte après l'autre, en plantant ses griffes dans la terre, car il ne pouvait pas s’agir de mains. Son corps était vraiment étrange, aussi large que plat. Voulant tirer cette histoire au clair, mon père a été cherché une lampe-torche et a inspecté le jardin pendant une bonne dizaine de minutes, sans succès.  

La nuit de cette seconde rencontre a vraiment été terrifiante. D’une part, parce que l’étrange animal me dévorait dans mon cauchemar, d'autre part, quand je me réveillais, les grattements sous la fenêtre de ma chambre me semblaient si fort que j’avais l’impression que des griffes ou une mâchoire gigantesque creusaient mon mur ! J’ai fini ma nuit sur la moquette de la chambre de mes parents et même si ce n’était pas très confortable, je m’y sentais nettement plus en sécurité !

Le lendemain matin, après le petit-déjeuner, j’ai été examiné mon mur. Il n’y avait rien, aucune trace de griffes sur le crépi. Toutefois, au pied de ce mur, la terre était retournée, comme si quelque chose avait creusé un trou puis l’avait rebouché. Sans réfléchir, j’ai creusé un peu et, au moment où je me traitais d’idiot, j’ai découvert un vieux papier de bonbon à l’emballage décoloré. Découverte banale me direz-vous, et bien pas tant que ça puisqu’à l’intérieur, j’ai découvert plusieurs petits os grignotés !

Alors que je bondissais chez moi pour montrer cette importante découverte à mes parents, j’ai cru faire un arrêt cardiaque quand j'ai croisé le regard perçant de la vieille veuve derrière son grillage. Elle me faisait un petit coucou d’une main tandis que l’autre tenait une poignée de bonbons aux emballages multicolores. En plus, elle se tenait à l’endroit exact où la chose sombre avait plusieurs fois escaladé le grillage ! Je lui ai rendu son coucou, mais, prétextant des devoirs à faire, je suis rentré chez moi sans prendre les bonbons. J’ai montré à mes parents la preuve flagrante qu’il se passait un truc pas clair autour de la maison. Malheureusement, mes os emballés dans un vieux papier de bonbon ne prouvaient rien, c’était même assez idiot de ma part de leur montrer ça et je me suis un peu vexé de leurs ricanements.

Plus la nuit approchait, plus j’angoissais. Je me disais que si je fermais les volets avant que mon jardin ne soit plongé dans l’obscurité, je ne verrais pas cette chose. Mais quand on est gosse, on veut toujours se rassurer, se dire qu’on a rêvé, qu’il n’y a pas de monstre caché sous son lit, dans son placard, ou autour de sa maison. C’est pourquoi j’ai poussé le tabouret du bureau jusqu’à ma fenêtre. Assis dessus, le cœur battant, j’observais attentivement tout ce qui se passait dans mon jardin et je sursautais au moindre mouvement de branches. Je m’attendais à ce que n’importe quoi surgisse et m'arrache le cœur ou me crève les yeux ! C’est fou le nombre de visions horribles qu’on peut avoir quand on ne se sent pas en sécurité.

C’était long, très long, j’avais l’impression que la nuit tombait au ralenti. Angoissé comme jamais, je regardais la clôture disparaître petit à petit. La seule chose rassurante était le bruit que faisait ma mère dans la cuisine et le son diffus de sa radio. Soudain, le chien de l’autre voisin a aboyé comme un taré. J’ai fait un de ces bonds avant de rire comme un idiot. Mon courage a décidé de la suite, c’est-à-dire qu'il était temps de fermer les volets. J’ai étendu mon bras gauche pour attraper le crochet qui retenait le volet et… un truc m’a agrippé le poignet ! C’était glacial ! J’ai crié, me suis vaillamment débattu avant de tomber le cul sur la moquette. J’ai reculé très vite sur les mains, mais mon placard m’a empêché d’aller plus loin.

Terrorisé, j’entendais cliqueter quelque chose sur le rebord métallique de ma fenêtre, comme si des aiguilles à tricoter picotaient sa surface. Une horrible s’est alors dressé devant moi. Un front bosselé et ridé est apparu en premier, puis deux yeux d’un rouge très vif. Ses yeux étaient globuleux, sans paupières. À la place du nez, un long museau me reniflait de loin. La bouche, enfin si on peut appeler ça une bouche, était remplie de dents pointues qui bougeaient à l'intérieur comme les pattes d’un mille-pattes. Elle m’a fait penser à la gueule d’un animal dégoutant, la lamproie. Sa langue longue et brunâtre, sortait et entrait à un rythme irrégulier entre les dents. L’ensemble du visage avait une forme triangulaire et pivotait sur un long cou. J’étais complètement tétanisé par cette horreur, je n’arrivais pas à bouger le moindre muscle.

Un bras est comme tombé sur la moquette. Enfin, il n’était pas vraiment tombé, il mesurait toute la longueur entre le bord de la fenêtre et le sol. On aurait dit une branche morte ayant perdu une partie de son écorce. Entre ce qui me semblait être des plaies, la peau m’évoquait un cuir très dur. Au bout du bras, quatre longs doigts crochus s’approchaient de moi à la manière d’une araignée.     

Ma mère a hurlé. Elle me secouait par les épaules, pleurait. Plus tard, j’ai appris que j’avais les yeux grands ouverts en regardant la fenêtre et qu’une écume blanchâtre sortait de ma bouche. La chose a reflué sans un bruit. Sa disparition a coïncidé avec mon réveil et j’ai hurlé à mon tour, me suis débattu et puis, après m'être évanoui, je me suis réveillé avec une bouillote sur la tête. Ma mère était assise sur mon lit, me caressait le front. J’ai aussitôt regardé ma fenêtre et évidemment, elle avait l’apparence d’une fenêtre. J’ai supplié ma mère pour dormir dans sa chambre ou sur le canapé du salon et si elle a accepté, ça n'a duré qu'une nuit.

La nuit suivante, je l'ai passée dans mon lit. J’ai cru que j’allais devenir cinglé, je tremblais d’effroi au moindre bruit. Enfin non, pour moi, ce n’était pas des bruits, c’était les grattements du monstre qui creusaient mon mur pour rentrer dans ma chambre et sucer mes os comme ceux des petites souris.

Constatant que mon état mental se dégradait, ma mère m’a emmené chez le médecin. Il m’a trouvé stressé et a prescrit un relaxant que je prenais chaque soir avant de me coucher. C’était plutôt efficace, car la nuit, j’entendais les grattements au loin, à mi-chemin entre le rêve et la réalité. Le matin, je me réveillais en me disant « tu vois, ce n’était qu’un rêve, ce monstre n’existe pas ! » En plus, pour éviter la vision du grillage, je fermais mes volets bien avant la tombée de la nuit et les fois où j’oubliais de le faire, je trouvais une excuse pour que l’un de mes parents s’en charge.

Autre chose m’a rassuré peu après mon « hallucination », la mort de la voisine. Enfin, je n’ai pas été rassuré longtemps, car j’ai appris les causes de sa mort : suicide par ingestion d’un produit toxique, la mort aux rats. Pour moi, c’était évident que le monstre c’était elle, mais sous une autre forme, que la nuit elle se transformait en cette chose immonde pour bouffer ces petites bestioles. Mon histoire aurait pu s’arrêter là si quelques semaines après sa mort, je n’avais pas retrouvé un vieux papier de bonbon au pied de mon lit. À l’intérieur, plusieurs os blanchâtres avaient été grignotés ou sucés. J’ai crié, ma mère a accouru, m’a demandé ce que je faisais avec ces os dégoutants dans ma chambre. J’ai eu beau lui expliquer que le monstre les avait mis au pied de mon lit, elle ne m’a pas pris au sérieux et j’ai eu le droit à une seconde visite chez le médecin. Bien sûr, selon lui, j’étais sain de corps, mais mon esprit était perturbé par des problèmes que transformait ma débordante imagination. Ma mère a aussitôt fait le rapprochement avec mon manque de discipline scolaire et les quelques petites bagarres dans la cour de récréation. Elle a aussitôt pris rendez-vous avec la directrice et l’assistante sociale, mais cet entretien n’a jamais eu lieu.

L’après-midi de la découverte du vieux papier avec les os, après avoir joué au petit garçon modèle et parfaitement équilibré, j’ai décidé de fouiller le jardin. Sous ma fenêtre, après avoir creusé la terre avec un outil secrètement emprunté à ma mère, j’ai découvert plusieurs autres vieux papiers de bonbons et à l’intérieur, des os grignotés ! Même si je me suis fait engueuler pour les trous dans le jardin, ma mère s’est enfin rendue à l’évidence : il se passait un truc pas normal autour de sa maison.

Elle m'a aidé à creuser. Sous le mur adjacent à la chambre de mon frère, on en a découvert d’autres. Certains papiers contenaient des os de la dimension d’une phalange. Mon père, qui venait de rentrer du travail, nous a aidés un peu avant de décider d’apporter nos trouvailles à la gendarmerie. On a aussi découvert que sous la grande haie qui encadrait la partie ouest du jardin, la pelouse et la terre étaient aplaties, comme si une chose d’une taille anormale passait souvent dessous.

Les évènements ont pris une autre ampleur quand un gendarme a téléphoné à mon père pour lui donner les résultats de l’analyse génétique des os. Si la majorité appartenait bien à des rongeurs, quelques-uns étaient classés dans la catégorie hominidés, autrement dit notre espèce.

Malgré le refus de ma mère qui ne voulait pas qu’on massacre ses parterres de fleurs (de toute façon elle n’avait pas le choix), le jardin a été retourné de fond en comble. Après le passage d’une petite pelleteuse, on n’avait plus qu'un terrain vague autour de la maison. Le résultat n’a pas été à la hauteur de l'espérance des gendarmes, ils n’ont trouvé qu’une dizaine d’autres papiers de bonbons sous ma fenêtre et celle de mon frère. Si l’État n’avait pas payé un jardinier pour remettre tout ça en ordre, je crois bien que ma mère serait devenue folle !

Mon frère et moi avons été interrogés sur nos relations avec la veuve décédée, car je leur avais expliqué que l’emballage des papiers de bonbons ressemblait à ceux qu’elle nous donnait à travers les trous du grillage. Bien sûr, à l’intérieur il n’y avait pas d’os, mais de vrais bonbons, et que notre relation s’arrêtait à un bonjour, merci, au revoir. Si j’ai parlé des cadavres déchiquetés des souris retrouvés autour des tapettes à l'intérieur de notre maison, j’ai évité ma rencontre avec le monstre alors que ça me démangeait. A l’image de certains films, je n’avais pas envie de passer une expertise psychiatrique.     

L’installation d’une caméra de surveillance dans plusieurs jardins du village a fait autant de bruits que les premières rumeurs colportées par divers adultes et enfants. Certaines rumeurs racontaient que des parents n’avaient pas mentionné à la police des faits très étranges concernant des incidents mineurs survenus la nuit dans la chambre de leurs enfants. En effet, des gosses se seraient plaints d’avoir été méchamment mordus jusqu’au sang pendant leur sommeil. Certains s'étaient réveillés à causes de grattements et auraient vu une ombre épaisse passait sous la porte de leur chambre. Cette ombre ramperait très vite sur la moquette et grimperait silencieusement sur les murs, les fixant de ses gros yeux rouges avant de sauter et de les mordre sévèrement. D'autres disaient que ce monstre avait l’apparence d'une grosse souche avec quatre longues branches, mais que ça pouvait aussi passer sous les portes. On disait aussi que des papiers de bonbons avec des os plus gros avaient été retrouvés sous les fenêtres d’autres pavillons, et toutes ces fenêtres appartenaient à des chambres d'enfants.

Si toutes ces rumeurs étaient infondées, alors pourquoi avait-on installé ces caméras de surveillance dans les jardins, mais aussi, dans le cimetière du village ? Sa fouille a été un fait avéré, plusieurs squelettes d’enfants ont été exhumés et, si personne hormis la police n’a connu le résultat de ces investigations, il est facile de penser que des os manquaient à leurs cadavres ! D’ailleurs, j’ai appris par un journaliste qui avait enquêté sur cette histoire que des caméras infrarouges avaient été aussi placées au-dessus de tombes d’adolescents et de celle de la veuve du maire ! Il était donc évident que les gendarmes prenaient cette affaire de monstre rampant très au sérieux !

Trente ans plus tard, je ne sais toujours pas ce qui s’est vraiment passé, si j’ai été victime d’une hallucination ou non. Ce qui est certain c’est que quand je me rends sur la tombe de mes parents, j’ai toujours l’impression d’être observé, que quelque chose me guette et dès que je tourne la tête vers une ombre que j’ai apercevoir sur le côté, j’assiste à un brusque envol de piafs, à un mouvement de branches, ou j’entends le craquement des cailloux entre les tombes.   

Si je vous raconte cette histoire, c’est à cause du vieux papier de bonbons que m’a rapporté ma gamine de 6 ans ce matin. Heureusement, il n’y avait pas d’os, mais l’emballage était décoloré. J’ai aussitôt piqué un sprint jusqu’au premier étage. J’ai fouillé sa chambre de fond en comble, sans rien trouver. J’ai entendu un grattement près de sa fenêtre. Mon cœur battait le galop dans ma poitrine, je me suis doucement approché de cette fenêtre et je l’ai vue, la vieille voisine de mon enfance, je l’ai revue !

Habillée d'un châle et d'une robe poussiéreuse, elle me faisait un coucou d’une main tandis que dans la paume de l’autre ouverte vers le ciel, des emballages de bonbons brillaient sous le soleil. J’aurais juré que la fente de ses yeux étaient rouges ! On a tiré sur mon pantalon, j’ai cru faire un arrêt cardiaque. C’était ma fille qui demandait pourquoi j’avais couru jusqu’à sa chambre. Je ne lui ai pas répondu, j’ai de nouveau regardé par la fenêtre au moment où la vieille femme s’est aplatie avant de ramper à une vitesse inhumaine jusqu’au grillage. Elle l’a escaladé si rapidement qu’une seconde après, il n’y avait plus que le vent qui agitait les branches de l’arbre du voisin. S’il n’y avait pas eu ma fille, je ne sais pas combien de temps je serais resté devant cette fenêtre, car j’étais vraiment choqué par cette vision.  


Voilà, je ne sais pas si quelqu’un a récemment vécu les mêmes événements, a trouvé un vieux papier de bonbons dans sa maison ou dans son jardin, mais je tenais à vous mettre en garde qu’Elle existe et qu’Elle est toujours vivante. Alors vérifiez bien l’espace sous la porte de la chambre de vos enfants, de vos adolescents, car à un moment dans la nuit, Elle viendra les regarder dormir et peut-être, pour des raisons que j’ignore encore, les mordillera jusqu’au sang, peut-être plus…


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dimanche 1 avril 2018

Les effrayantes histoires d'un enfant (Chapitre 7)




Chapitre 6 – Recherches et découvertes

Histoire 7 – IL

« Le monsieur court aussi vite qu’il peut. Derrière lui, des branches mortes cassent avec des bruits secs, des oiseaux s’envolent brusquement, des bêtes affolées courent sans qu’on les voie. Les pas de la Grande Dame sont si grands qu’elle n’a pas besoin de courir. Mètre après mètre, elle rattrape le monsieur qui court avec Élorine dans les bras. Le monsieur la veut pour elle, il veut la petite fille pour récupérer ses pouvoirs cachés dans son crâne.
La végétation devient plus dense, les arbres se resserrent, on dirait que la forêt ne veut pas que le monsieur s’échappe, comme si la forêt obéissait à la Grande Dame. L’homme se prend les pieds dans une racine et tombe lourdement. La petite fille lui échappe des bras, se cogne la tête contre un énorme tronc, se retrouve miraculeusement assisse entre des racines. Elle a mal à la tête, mais elle ne pleure pas, comme si elle était habituée à souffrir.
Alors que le monsieur tente de se relever, la Grande Dame écrase son dos avec son pied droit. La petite fille sourit, elle aime voir ça. Sa bouche est immense, elle s’ouvre jusqu’aux lobes d’oreille et de petites dents pointues la rendent effrayantes.  
 - Aide-moi ma fille, dit le monsieur par terre, un bras tendu vers elle.
- N’écoute pas ce fou, tu sais très bien qu’il veut te faire du mal ma chérie !
- C’est faux, je t’aime, jamais je ne pourrais te faire du mal !
- Ne l’écoute pas, ton père est un fourbe !
- Et ta mère une vieille sorcière !
- Ferme-la ou je t’étripe !
- Devant la gamine, bravo !
- Je lui dirai que c'était un cauchemar, elle ne se souviendra de rien, crois-moi !
- Je ne suis pas une idiote ! crie aussitôt la petite fille.
La Grande Dame sursaute, comme si elle avait peur de sa fille.
- Mais non ma chérie, je disais ça pour me trouver une excuse !
- Ah d’accord…bon, vas-y, hi hi, rit-elle en mettant une petite main devant sa grande bouche aux dents pointues.  
 La Grande Dame lève alors son grand couteau et l’abat dans le dos de l’homme à terre. La pointe de la lame s’arrête à quelques millimètres de son dos. La Grande Dame force, s’énerve, abat deux autres coups en hurlant, mais n’y arrive toujours pas. Son visage grimaçant se lève vers Élorine qui a un bras tendu vers elle :
- Arrête ça tout de suite !
La petite fille fait non de la tête.
- Ton père n’est qu’un sale type, il ne sert à rien ! 
Élorine refait non de la tête.
- Tu sais ce qu’il t’aurait fait si je ne l’avais pas rattrapé, hein ? Il t’aurait égorgé comme une truie pour boire ton sang et voler tes pouvoirs !
- Ne l’écoute pas ma belle petite, ta mère te ment ! Je voulais juste t’emmener à la fête foraine, je suis sûr que tu adorerais le manège avec les chevaux vernis !
- C’est toi le menteur !
Elle se sert de son autre grand pied pour lui écraser la tête. Le monsieur hurle de douleur.
- Si je ne le tue pas maintenant ma chérie, tu sais très bien qu’il entrera par ta fenêtre et t’égorgera dans ton lit !
- C’est vrai ça ?  demande Élorine d’une voix très aiguë.
- C’est faux ma fille ! grimace le papa.
- Et moi j’te le jure, les hommes sont tous des menteurs, je l’ai déjà dit mille fois ! 
- Petit frère aussi ?
- Ton frère n’est pas encore un homme.
- Mais il le deviendra un jour ?
- Nous le tuerons bien avant, hi hi, dit la mère d’un ton perfide. Alors, tu vas me laisser tuer ce porc, oui ou merde ?
D’accord, hi hi ! se réjouit Élorine.
Elle baisse la main, son papa hurle. C’est alors qu’IL surgit de nulle part. IL porte un vêtement blanc si lumineux qu’il éblouit la petite fille et la Grande Dame se jette en arrière.
- Tu dois empêcher ta mère de faire ça ! lui dit aussitôt l’Homme.
- Qui tu es ? Un ange ? lui demande Élorine avec sa petite voix aigüe.
- Oui, si tu veux, mais ne laisse pas ta mère tuer ton père. Ton âme en serait à jamais salie et tu n’iras pas au paradis.
- Maman dit que ça n’existe pas le paradis, l’enfer aussi d'ailleurs, qu’il n’y a que des ombres et des lumières qui hantent la Terre après la mort.
- Oh si, crois-moi, le paradis existe bel et bien.
- Tu y as été toi du paradis ?
- Oui, si on veut. Alors laisse partir ton père et je m’arrangerais pour qu’il ne vienne plus jamais t’embêter.
- C’est un homme, maman dit qu’on ne peut pas faire confiance aux hommes.
- Tous les hommes ne sont pas mauvais, au contraire, il y en a beaucoup de bons.
- Il a raison, intervient son père, et j’en fais partie, crois-moi ma petite, je suis un bon homme.
- Comment oses-tu dire ça alors que tu l’as abandonnée à sa naissance !
- Hey c’est normal, j’avais trouvé un boulot à l’autre bout de l’Angleterre, et comme j’ai une épave comme voiture, je ne pouvais pas venir vous voir !
- La petite a cinq ans, espèce de con !
- Ah déjà ? C’est dingue comme le temps vite mon amour.
Le père d’Élorine se relève et, confiant, frotte ses mains pour retirer terre et feuilles mortes qui y sont collées. En poussant un rire cynique, la Grande Dame le frappe avec son couteau qui s’enfonce entre ses omoplates. Surpris, le papa pousse une brève exclamation avant de s’écrouler.
IL crie et se précipite sur le papa d’Élorine, mais des soubresauts agitent déjà son corps.
- Pourquoi ? murmure-t-IL agenouillé près du corps agonisant, pourquoi as-tu laissé ta mère tuer ton père ?
- Pour te tester.
- Me…tester ?
- Oui, si tu es un ange, ressuscite mon papa ! lui ordonne la petite fille.
- Je…je ne peux pas…ça ne marche pas comme ça », répond-IL abattu.
- Moi je veux que ça marche comme ça ! exige Élorine.
- Non, ce…c’était à toi de le sauver, tu en avais le pouvoir !
- Ce n’est pas moi qui l’ai tué ! proteste Élorine. Et puis ce n’est pas mon papa qui vendra me tuer, ce ne sera jamais mon papa !
- Quoi ? bredouille-t-IL.
- Allons, cela ne concerne en rien le monsieur en blanc qui n’est pas un ange, mais un emmerdeur ! Viens maintenant ma petite Élorine, il est grand temps de rentrer à la maison… »

Voilà pour cette bien étrange histoire. Au risque de me répéter, il m’a fallu un peu de temps pour comprendre où le petit Matthew voulait emmener ses lecteurs. Nous retrouvons les personnages des autres histoires et en découvrons deux nouveaux, le plus important des deux étant le fameux IL. J’en ai conclu qu’il s’agissait de la bonne conscience insufflée par le psychiatre de Matthew. D’une certaine manière, il était le contraire de Creddy, la lumière au milieu de ses ténèbres.

Contrairement à IL, le jeune écrivain donnait au père un rôle peu enviable ; on croit qu’il veut sauver sa fille mais c’était dans le but de lui voler ses pouvoirs de télékinésie. Cette histoire n’est pas crédible à cause de ce dernier gadget surnaturel. D’ailleurs, pourquoi notre petit écrivain donnait-il cette force à sa « sœur » alors que dans toutes ses histoires précédentes, Élorine était la victime de sa violence littéraire ? Rappelez-vous qu’elle s’était faîte tuée, égorgée, décapitée ! Matthew regrettait-il la mort d’Élorine dans ses autres histoires ? Se donnait-il bonne conscience en lui donnant des supers pouvoirs ? Et pourquoi lui donnait-il d’un coup un aspect aussi horrible avec une grande bouche armée de dents pointues ?

J’avais aussi noté sur mon cahier de notes que contrairement à la sixième histoire, Élorine n’était plus la petite amie de Matthew mais, pourquoi pas, sa sœur ainée ? C’était juste un ressenti car n’oublions pas que dans cette septième histoire, la Grande Dame affirme qu’elle tuera son fils avant qu’il ne soit un grand garçon. Si Carlene était la Grande Dame, alors elle n’était pas passé à l’acte puisque Matthew avait au moins vécu jusqu’à 14 ans, ce qui rendait la réplique de Carlene fantaisiste. Nous nous trouvions donc au cœur d’une fiction, une histoire inventée de toutes pièces par le jeune garçon. Toutefois, je m’orientais peu à peu vers un raisonnement qui m’effrayait moi-même !


En effet, une hypothèse prenait de la consistance : et si Matthew nous contait à sa façon le décès de sa petite sœur ? Si Élorine était morte dans de tragiques circonstances et que Carlene en soit indirectement responsable ? Si, témoin de cet accident, Matthew avait fait de sa mère à la fois une Grande Dame et un monstre qui prendrait l’apparence de Creddy dans ses histoires ? Ce serait sa manière de lui dire : « maman, tu es un monstre, regarde, ce que tu m’inspires, ce que j’écris sur toi ! Et si les histoires de Matthew n’était qu’une transposition fictive de faits bien réels ?! Rappelez-vous qu’il a avoué au psy son cauchemar de la Grande Dame devant la fenêtre de sa chambre ! Ce cauchemar était sa seconde histoire postée sur son blog et ce cauchemar aurait très bien pu être la transposition d’un traumatisme vécu dans sa chambre ou pourquoi pas, dans la cave ?! N’oublions pas que Creddy lui avait suggéré d’écrire des histoires mêlant la réalité à la fiction ! Et mes découvertes suivantes n’ont fait que confirmer mes soupçons… 


A suivre chapitre 8 : Une mère ingrate.

Toute la partie 1 (10 chapitres) en libre consultation sur le blog des chroniques de l'Obscurité.

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