Bienvenue sur le blog des chroniques de l'Obscurité. Toutes les nouvelles et autres creepypastas sont issues d'un sombre recoin de mon esprit détraqué. Tout partage ou diffusion sur YouTube nécessite mon autorisation par messagerie. Bonne lecture...
lundi 30 octobre 2017
L'application HOLE 2
L'application
Bonjour
à tous. Vous trouverez ci-dessous un copié/coller d’un commentaire faisant
suite à l’émission consacrée à la vague de suicides touchant toutes les
générations. Ce commentaire est le plus pertinent de la centaine que j’ai pu
lire, celui qui correspond le mieux aux évènements qui se produisent chez moi
depuis hier soir. Par ce message, j’espère apporter un éclaircissement à tous
ceux qui doutent que la tendance suicidaire va augmenter, à moins de la
comprendre et de s’en débarrasser.
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« Bonsoir.
Mon prénom est Nicolas. Suite à l’émission sur les suicides, je voudrais
apporter mon témoignage. Je ne ferais pas de commentaires sur cette émission
mais je la juge quand même à côté de la plaque. On évoque beaucoup de causes
pour comprendre ce qui se passe, mais aucune ne détient vraiment la vérité. Je
suis conscient que tout ce qui touche au paranormal est risible dans les médias
et qu’on ne le diffuse qu’à titre de divertissement. Pourtant, ce qui est
arrivé à ma meilleure amie n’est pas vraiment explicable par des faits
rationnels. Moi-même, j’ai toujours du mal à croire ce que j’ai vu et pourtant,
ELLES ont bien tué ma meilleure amie.
Elle
s’appelait Florence. On a grandi ensemble, étudié, fait les 400 coups. On
partageait nos peines de cœur, nos petits bobos, nos joies. On ne s’est jamais
séparé et en plus, on était presque voisin puisqu’elle habitait à une rue de la
mienne. Il y a quelques jours, elle m’a demandé de la conseiller pour l'achat
d'un nouveau téléphone portable. Le sien venait de lâcher, un vieil appareil datant
de la Seconde Guerre mondiale. Nous nous sommes donc rendus dans une petite
boutique du centre-ville et après plusieurs conseils, elle a opté pour un
smartphone dont je tairais la marque, mais qui commence par S. Alors que nous
allions passer à la caisse, une jeune cliente a hurlé en lâchant son appareil. Elle
tremblait de tout son corps en pointant du doigt le téléphone qui avait explosé
sur le carrelage. Puis elle est partie en courant. On a tous bien ri, on s’est
tous dit qu’un vendeur lui avait installé un screamer pour lui faire peur.
Un
crissement de freins puis un choc sourd. On a tourné la tête vers la vitrine,
on a juste vu la fin de l’accident, quand la fille s’est écrasée sur le béton
avant qu’une autre voiture ne lui roule dessus. Son corps désarticulé était
horrible à voir. Il y a eu des cris, la panique puis un attroupement, les
secours. Même si Florence était bouleversée, elle a quand même acheté son
appareil puis je l’ai raccompagné chez elle. Inutile de préciser qu’on se
sentait vraiment mal tous les deux. Cette pauvre jeune fille, son corps désarticulé,
sa fin tragique, la tristesse de sa famille.
Ressassant
ces images morbides en boucle, j’ai eu du mal à trouver le sommeil cette
nuit-là. Je me demandais de quoi cette fille avait eu si peur pour traverser la
rue comme une folle. D’après le journal du lendemain, c’était une fille
équilibrée et son entourage ne comprenait pas les raisons de son geste. Oui,
vous avez bien lu, les raisons de son geste, son suicide. Dans l’article, il
n’était fait nulle part fait mention de l’incident dans la boutique, le
journaliste le jugeant sans doute sans intérêt.
C’est
dingue comme on peut se sentir mal quand on voit un truc pareil. Florence m’a
appelé le soir de cet accident ; c’était un vendredi. Elle était dans le même
état que moi, aussi angoissée. Au téléphone, je lui ai proposé plusieurs fois
de se changer les idées, mais elle a refusé, préférant la sécurité de son
appartement au monde extérieur. On a donc passé notre week-end enfermé, a
ressassé ce dramatique accident.
Elle
m’a rappelé le dimanche soir alors que je comatais devant ma télé. Sa voix m’a
glacé le sang. Elle bégayait, elle semblait choquée, elle me répétait avoir vu
une petite silhouette traverser très vite le couloir avant d'entrer et de
claquer la porte de sa chambre. Elle a aussi entendu un rire une enfant. Je
n’ai pas su quoi répondre, je lui ai juste demandé si la porte d’entrée était
bien verrouillée. Elle l’était, comme l’était la porte de la salle de bains où
elle s’était enfermée.
Il
était 19 heures quand je suis arrivée à son appart. Elle m’a serrée fort contre
elle. Son corps tremblait comme une feuille. Jamais je ne l’avais vue dans cet
état. Elle était encore plus choquée qu’après l’accident de la fille. J’ai aussitôt
commencé la fouille son appart et comme je m’y attendais, je n’ai rien trouvé.
Elle a fini par sourire, s’est traitée de folle. L’expression angoissée de son
visage trahissait toutefois ses paroles, je ne la sentais pas très rassurée de
rester seule. Je lui ai donc proposé de rester, mais elle m’a répondu que ce
n’était pas la peine, qu’elle se faisait des idées par rapport au suicide de la
fille, qu'elle la revoyait courir dans l'appart. C'était une hallucination,
juste une hallucination. Je n’ai pas insisté, même si avant de rentrer, on a
causé un peu des nouvelles fonctionnalités de son smartphone.
On
s’est retrouvé à l’université de Laval le lendemain. Florence était une fille
coquette, prenait le temps de se coiffer, de se maquiller discrètement, mais
joliment. Ce matin-là elle avait une mine épouvantable, on aurait dit un zombie
en phase terminale. Bavarde comme une pie, c’est à peine si elle m’a causée. Toute
la bande s’est inquiétée de son absence, et je n’avais pas très bien compris ce
qu’ils entendaient par « absence ». Je l’ai compris seulement après
ce qui s’avéra être une soirée cauchemardesque.
Après
l’avoir raccompagné jusqu’au pied de son immeuble, je suis rentré chez moi en
me demandant ce qui se passait dans la tête de mon amie. J’ai tergiversé un peu
avant de l’appeler. Elle m’a répondu d’une voix glaireuse et sifflante, c’était
horrible à entendre. J’ai même cru qu’elle était en train de se pendre et
qu'elle me causait en même temps ! Sans réfléchir, j’ai foncé chez elle.
Sa
porte était à moitié ouverte. Je suis entré en l’appelant. Les bras le long du
corps, elle se tenait au milieu du couloir de l’entrée. Son visage était très
pâle, ses cheveux châtains semblaient avoir été noircis avec de la suie et des
gerçures fendillaient ses lèvres. De plus, un peignoir blanchâtre couvrait son
corps filiforme alors que sa tenue « confortable » pour chez elle
c'était tee-shirt/jean. Un très léger sourire marquait le bas de son visage.
Mais ce n’était pas un sourire de complicité comme avant, c’était un sourire
que j’aurais aisément qualifié d’inquiétant si je ne connaissais pas Florence.
L’appart
était incroyablement silencieux. Elle n’avait pas fait « péter » ses
musiques préférées ni la télé. En fond sonore, il me semblait entendre un chien
hurler à la mort derrière l’une des vitres de l’appart. Je n’y ai plus prêté
attention.
On
s’est installé sur le canapé et on a un peu discuté. Enfin non, c’était plutôt
un monologue, car elle ne disait rien, hochait seulement la tête sans cesser de
fixer l'écran de son fichu smartphone. Je me suis un peu énervé, je lui ai dit
qu’elle pourrait au moins s’intéresser à la conversation. C’est alors qu’elle a
tourné la tête vers moi et m’a dit de sa voix glaireuse :
« La
petite fille du téléphone, tu crois qu’elle va sortir ? »
J’ai
grimacé, je n’ai pas su quoi répondre. Après un court temps de réflexion, j’ai
répondu à sa question par une autre question :
« Quelle
petite fille ? »
« Celle
qui est tombée dans le puits, elle va revenir ? »
Là,
je me suis dit que ma meilleure amie avait totalement perdu l’esprit. Je ne
savais pas comment réagir si ce n’est par un petit sourire de compassion, du
genre « ta blague est bonne, mais pas tant que ça en fait ».
Alors
qu’entre nous s’installait un silence assez angoissant, j’ai entendu des
tapotements derrière moi, comme si un gosse courait pieds nus sur le carrelage.
Je me suis retourné et forcément je n’ai rien vu. C’est alors que Florence m’a
sorti d’une voix plus joyeuse :
« Elle
est déjà sortie, elle va jouer avec moi toute la nuit tu sais ! »
Sa
voix m’a glacé le sang, enfin ce n’était pas sa voix, mais celle d’une enfant. J’ai
senti de la sueur froide couler dans mon dos. Florence n’arrêtait pas de me
fixer et comme le jour déclinait rapidement, du moins c’était ma perception des
choses, seule la lumière de son smartphone éclairait son visage, creusant l’orbite
de ses yeux, exagérant la taille de ses pommettes, donnant à sa bouche l’aspect
d’un trou. J’ai franchement eu l’impression qu’elle était…morte.
« Et
toi, tu veux jouer avec nous ? » a-t-elle grondé de son étrange voix
rauque en me tendant son téléphone au ralenti.
« …Nous ? »
ai-je balbutié très mal à l’aise. « C’est qui, nous ? »
Elle
n’a rien dit. J’ai un peu hésité avant de prendre son appareil, peinant à détacher
mon regard de sa silhouette fantomatique. À cet instant, je n’avais qu’une seule
hâte : allumer la lampe du salon, mettre la télé, faire quelque chose de
rassurant quoi !
Pendant
un bref moment, j’ai cru qu’elle me proposait de jouer avec son smartphone ce
qui, de toute façon, ne m’aurait guère rassuré, puisque j’avais l’impression qu’un
cadavre était tranquillement assis à un mètre de moi, attentant le meilleur
moment pour me hurler dessus.
« Hole »,
c’était le titre inscrit en rouge sur le fond clair-obscur de son téléphone
(cliquez ici pour un aperçu). C'est ce qu'elle fixait pendant mon monologue.
J’ai plutôt été surpris, je m’attendais vraiment à autre chose, à un jeu pour
dire vrai. J’ai haussé les épaules, j’ai effleuré l’écran. J’ai aussitôt senti
un petit fourmillement au bout de mon doigt avant qu’un puits grisâtre au
milieu d’un jardin en friche n’apparaisse. Bien sûr, j’ai aussitôt pensé à ce fameux
film japonais « Ring » et vu l’ambiance de l’appart, je n’avais
aucune envie de voir la petite fille sortir du puits (cliquez ici pour un aperçu) et coller son œil
blanc-noir à l’écran. Florence était froussarde, j’étais vraiment surpris qu’elle
télécharge ce genre d’application et au moment de lui demander…
Un
petit rire derrière moi m’a fait tressaillir. Je me suis vivement retourné,
mais je n’y voyais plus rien. Les tapotements de pieds ont recommencé, mais ils
étaient plus lourds, comme une grande femme marchait pieds nus sur le
carrelage. J’étais complètement tétanisé et carrément effrayé quand ces pas ont
semblé grimper sur le mur à côté de moi avant de faire craquer le plafond.
Une
main glaciale m’a saisi le poignet. J’ai hurlé. La main semblait sortir de
l’écran du smartphone que j’ai aussitôt lâché. Heureusement, cette main
appartenait à Florence qui s’était quasiment collé à moi sans que je m’en rende
compte. Elle m’a alors chuchoté à l’oreille :
« On
va bien s’amuser, tu vas voir ! »
Je
l'ai regardé et j'ai hurlé en me jetant en arrière. Ses yeux étaient laiteux,
elle n’avait plus de nez, pas de bouche entre ses joues creuses et sa tête
était penchée d’un côté comme si son cou était cassé. Les pas du plafond sont
redescendus vers moi puis ont cogné le carrelage. J’ai bondi du canapé et j’ai
foncé vers l'entrée quand on m’a attrapé la tête et tiré violemment en arrière.
C’est alors que j’ai entendu :
« Tu
te souviens de la fois où tu m’as fait boire la tasse, Nico ? »
« Lâche-moi putain
! » ai-je dit en me débattant.
Sur
ma gauche la salle de bains s’est éclairée. À l’intérieur, Florence a
rapidement tiré le rideau de douche. Celle qui me tenait la tête était donc
cette chose que je ne pouvais voir. L’eau du robinet de la baignoire coulait à
flots, c’était assourdissant !
La
chose m’a lâché, la porte de la salle de bains a claqué. Je suis brièvement
tombé à genoux avant de me relever et de m’acharner sur la poignée de la porte qui
a bien sûr refusé de s’ouvrir. Derrière moi, l’eau faisait toujours autant de
vacarme.
Un
cri perçant. Je me suis retourné. Florence se débattait dans l'eau. Des mains
bleuâtres la tiraient vers le fond de la baignoire. Autour de son corps
gesticulant, une longue touffe de cheveux noirs semblait vouloir l’étouffer.
Elle a réussi un court moment à sortir la tête de l’eau et a hurlé mon nom en
me tendant la main. Je n’ai pas réfléchi, c’était ma meilleure amie, et je me
suis précipité pour tenter de la sauver.
Sa
main était si froide glaciale que j’ai failli la lâcher. J’ai serré les dents
et j’ai attrapé son avant-bras avec mon autre main pour tirer du plus fort que
je pouvais. Je ne me rendais même pas compte que j’étais pris dans un engrenage
effrayant, que tout ça n’avait pas de sens, que j’étais comme un sprinter fou
qui devait atteindre la ligne d’arrivée ou mourir.
Puis
tout s’est arrêté, le vacarme, la noyade, les pas dans l’appart, tout. Florence
avait les yeux grands ouverts au fond de sa baignoire. Ses longs cheveux
châtains formaient une couronne flottante autour de son visage livide, ses
mains bleuâtres tenaient une énorme pierre sur son ventre. Je ne sais pas
combien de temps j'ai hurlé avant d’appeler le SAMU…
Le
rapport d’autopsie a estimé sa mort entre 20 heures et 21H, faisant de moi le
coupable idéal, le petit copain jaloux et trop passionné. Ce fut mon premier moment
d’effroi, mais il n’a duré qu’une poignée de secondes. Le second a été quand
j’ai appris par les flics que Florence était morte 48 heures plus tôt, le
samedi soir. Je n’arrivais pas à le croire puisque je l’avais vue chez elle
dimanche soir et lundi à l’université. Seulement, personne d'autre que moi ne
l’avait vue à l’université, personne ! Un bulletin d’absence a même été rédigé à
son nom ! Dans ce cas, j'ai demandé au flic ce que je foutais dans son
appart le lundi soir ? Il m’a alors donné une réponse des plus étranges,
il m’a dit que je frappais comme un malade à la porte de son appart et que le
chien du voisin hurlait à mort à cause de moi ! Le gardien de l’immeuble a
rappliqué, il a ouvert avec le double des clés, on a découvert le corps inanimé
de Florence dans la baignoire, et je me serais évanoui, à cause de la baignoire
remplie de sang. Elle se serait taillé les veines. Je lui ai dit que c’était
impossible, qu’il n’y avait jamais eu de sang, que tout ça était grotesque !
Et puis je me suis souvenu de son visage livide, de son allure fantomatique, de
cette pierre bien trop grosse pour être soulevé par Florence.
Le lendemain, je n’ai pas été en cours, je me
suis terré dans mon appart et je n’ai rien fait d’autre que penser à son
meurtre, car je ne croyais pas à son suicide. J’ai commencé mes recherches sur
internet, j’ai passé plusieurs heures le nez collé à l’écran, et puis j’ai
découvert ça sur un forum. Avant d’en parler, je tiens à préciser que j’ai
trouvé ce message sur un site de fakenews, alors, il vaut ce qu’il vaut, mais
perso, je suis obligé d’y croire :
L’application « Hole » a été
créée par la marque de smartphone S…… dans le but d’offrir à ses clients une
nouvelle expérience extrasensorielle. Alors que sa mise sur le marché était
prévue pour le 31 octobre 2017, des hackers ont piraté ses systèmes et ont « collé »
l'appli à des sous-programmes, à des sites de téléchargement de jeux en ligne,
à des sites de streaming, entre avril et septembre 2017. Pour des raisons
encore inconnues, cette application holographique modifie les perceptions auditives
et visuelles et dans les cas plus graves, provoque des hallucinations
permanentes.
Hole fonctionne comme un cheval de Troie,
s’installe à l’insu des utilisateurs. Cette application possède une horloge
interne et s’ouvre sans intervention extérieure. Si votre télé grésille, si
votre ordinateur ou votre console de jeux plantent sans raison, que l’écran de
votre téléphone s’allume en pleine nuit ou reste bloqué sur un programme, alors
Hole a interféré. Nous vous conseillons donc de formater votre disque dur ou la
puce de votre téléphone. Dans le cas contraire, vous pourriez être victime
d’hallucinations sévères. Enfin, si on vous incite à cliquer sur l’image du
logo « Hole » pour d’obscures raisons, vous devez suivre la procédure
suivante : inventez une histoire dans laquelle vous créerez un lien avec
le logo Hole. Dès qu’un individu cliquera sur ce lien, le programme sera
automatiquement transféré sur son appareil et sa messagerie. Pour savoir si vous quelqu'un a cliqué, il
suffira de regarder derrière vous si la petite fille et la grande dame ont
disparu.
Bien sûr, la société S…… niera avoir
créé une telle application ou, si son implication est prouvée, elle accusera
les hackers d’avoir sciemment modifié son programme dans le but de nuire à la
population.
Voilà,
c’est fait, j’ai créé cette histoire (hormis le message de la société S……). Si quelqu'un
a cliqué sur le lien Hole, alors je serais débarrassé d’ELLES. Merci de m’avoir
rendu ce service. Bon courage.
___________________________________________________________________________
Voilà
pour le commentaire de Nicolas. L’émission sur les suicides n’a jamais
mentionné l’application Hole. En fait ce n’était pas vraiment le but du
commentaire Nicolas, vous savez maintenant pourquoi. Je me retourne, Elles ont
disparu. Merci de m’avoir rendu ce service. Bon courage avec ELLES.
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2017@Gebel de Gebhardt Stéphane.
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