dimanche 4 février 2018

Les effrayantes histoires d'un enfant (Chapitre 3)



Chapitre 3 - Creddy et la petite fille.

Histoire 3 – La main de Creddy


Je calais sur l’idée de ma troisième histoire. En plus, Creddy me chuchotait des choses indistinctes à mon oreille. Alors que j’allais laisser tomber mes écrits pour toujours et effacer mon blog, sa voix est devenue plus forte. Elle grondait dans ma tête, mais aussi derrière les murs de ma chambre. J'avais mal au crâne tellement c’était fort. Ça me prouvait que Creddy existait vraiment, un peu dans son monde et un peu dans le mien. Mais il ne voulait toujours pas se montrer car il me disait que j’aurais trop peur de lui. 
Je suis un petit garçon courageux. J’ai donc décidé d’écrire ma prochaine histoire sur lui. J’ai été très malin sur le coup, car je ne connaissais rien de Creddy, si ce n’était à travers ses sombres conseils. Bien sûr, ma mère me demandait souvent à qui je parlais seul dans ma chambre et que quand je lui donnais ma réponse, elle disait que Creddy n’existait pas et qu’il était issu de mon imagination. Alors pourquoi ses lèvres et ses mains tremblaient-elles quand je lui parlais de Creddy ? Comment peut-on avoir peur de quelque chose qui n’existe pas ? 
Pour écrire une histoire sur lui, il fallait que je le voie. Je lui ai demandé de se montrer, de sortir de sa cachette, pas juste me faire croire qu’il est là, mais qu’il soit réellement là. Au début il a refusé, il m’a dit qu’il n’était pas nécessaire que je le voie, qu’il était comme un gros œil blanc me surveillant jour et nuit. Je lui ai dit que ce n’était pas suffisant, que s’il n’apparaissait pas tout de suite, je ferai tout pour l’oublier. Un long silence a précédé sa réponse. Puis il m’a parlé de risques extrêmes. Creddy m'a dit que ce que je verrais ne s’effacerait jamais de ma mémoire, que je pouvais être atteint de graves troubles psychologiques. J’ai haussé les épaules, j’ai dit que je n’aurais pas peur de mon Creddy, car Creddy était mon ami pour toujours. Il a grogné puis a fini par accepter. J’étais fou de joie, j’allais enfin voir mon Creddy. 
Le moment est arrivé. Il m’a dit de prendre un crayon à papier, une feuille, et de fermer les yeux. J’ai obéi sans chercher à comprendre. Je tenais fort le crayon à papier quand il s’est agité sur la feuille. Je n’ai pas osé ouvrir les yeux, mais je sentais que ma main dessinait à toute vitesse. Mes mouvements se sont arrêtés d’un coup. Mon cœur battait très vite. Creddy m’a conseillé de me calmer avant d’ouvrir les yeux. Ce que j’ai fait avec plus ou moins de difficulté, en prenant de grandes inspirations relaxantes. Et puis j’ai ouvert les yeux…
J’ai plaqué une main sur ma bouche pour étouffer mon cri. J’étais choqué. Je ne pensais pas que Creddy ressemblait à ça, je pensais sans doute qu’il me ressemblait un peu, qu’il n’était pas aussi effrayant qu’il le disait. Pourtant, ce que j’avais dessiné les yeux fermés était plus qu'effrayant, c'était l'horreur. Certes, ce n’était qu’une main, mais cette main ne pouvait pas appartenir à un être humain. Peut-être à un mort, mais pas à un humain. La paume était petite alors que les doigts étaient extrêmement longs. Quatre doigts, dont le pouce, étaient repliés sur la paume qui touchait le haut du dessin. Le pouce avait l’air cassé, car il était tiré vers l’arrière et parallèle aux autres doigts repliés. Le seul doigt déplié était l’index. Il pointait vers moi et touchait le bas du dessin. L’os était mince, mais les phalanges étaient grosses et piquetés de trous. Le bout sans ongle était pointu comme une aiguille à tricoter. 
Une fois calmé, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai dit à Creddy que c’était bon, que je n’avais déjà plus peur, qu’il pouvait apparaître. C’est alors que j’ai entendu des cliquetis. Je me suis mis à trembler, je frissonnais de la tête aux pieds. Les cliquetis ont continué, ça faisait tic-tic-tic près de moi. Creddy se taisait. Tic-tic-tic. Creddy ? Tic-tic-tic. Je me suis penché sous le bureau. Tic-tic-tic. Ce n’était pas sous le bureau, c’était plus loin, près de mon lit. Tic-tic-tic-tic. La main aux doigts pointus de Creddy essayait de grimper sur mon lit. J’ai hurlé. Tic-tic-tic-tic-tic. La porte de ma chambre s’est brusquement ouverte. Ma mère, les cheveux défaits, m’a demandé ce qui se passait. Terrorisé, je lui ai montré la main qui tentait de grimper sur mon lit. Elle a froncé les sourcils, m’a dit qu’elle ne voyait rien. Je n’ai pas compris car la main de Creddy était bien là, je la voyais comme je voyais ma mère. Elle s’est approchée à grands pas du lit que je pointais toujours avec l’index. La main de Creddy s’est précipitée sur elle, lui a attrapé une cheville, a tiré sèchement. Ma mère a crié, puis elle est tombée lourdement sur le parquet. J’aurais dû l’aider à se relever, mais j’étais pétrifié par ce qui venait de se passer. C’est alors que l’incroyable est arrivé. Ma mère s’est péniblement relevée et m’a dit : « Pourquoi tu m’as fait tomber ? » Ma jambe droite s’est repliée sous le bureau, car je l'avais étendue pour je ne sais quelle raison, mais pas pour la faire tomber ! Puis ma mère a vu le dessin de la main de Creddy et l’a déchiré en mille morceaux en me traitant de fou…

Voilà pour le début de la représentation physique de son ami imaginaire. Pour moi, sa personnalité dissociative s’est affirmée dans cette 3e histoire, son monstre prenant corps dans la réalité. La réaction de la mère nous prouve l’hallucination de son fils, le dessin aussi, car consciemment ou non, l’index de la main est pointé vers son auteur. On en apprend aussi un peu plus aussi sur le rapport mère/fils. Je comprends tout à fait la réaction de Carlene, son fils est responsable de sa chute, mais le traiter de fou ne peut l’aider à avoir une opinion juste de lui-même. Toutefois, la grande question était de savoir si cette histoire était inventée de toutes pièces ou si c’était un fait vécu, un fait qu’il aurait transformé à sa sauce pour nous montrer pourquoi pas, le côté incrédule de sa mère à travers ses écrits ?

La quatrième histoire que je vais vous présenter n’apparaît pas dans le même ordre que présentée son blog. Elle apparaît bien plus loin, bien plus tard, puisque le gamin dit avoir 11 ans lors de sa rédaction, soit trois ans plus tard que son premier texte. Je fais cela à des fins de clarifications, pour rapprocher des éléments ayants des points communs entre eux, car la profusion de détails dans d’autres histoires est impressionnante pour un gamin de son âge. J’estime donc que cette histoire à des points convergents avec la troisième, les deux mentionnant un monstre imaginaire.

Histoire 4 – La petite fille du couloir

L’œil blanc m’observe depuis le trou de la serrure. Je ne sais pas pourquoi Elle fait ça. J’aimerais La voir, Lui parler, mais Elle s’enfuit dès que je m’approche de la porte de ma chambre. On dirait qu’Elle a peur de moi. Creddy reste silencieux. Pourtant sa grande main moche pourrait m’aider à l’attraper. 
L’autre, nuit, j’ai entendu les craquements du plancher dans le couloir. C’était Elle. Je l’ai aussi entendu gémir, c’était effrayant, Elle allait et venait dans le couloir, semblait très nerveuse. Puis Elle s’est arrêtée devant la porte de la chambre à ma mère et l’a fixée sans interruption. Pourquoi fait-elle ça ? Je me demande qui est cette petite fille ? Elle est apparue l’autre soir, après un cauchemar où la silhouette de la grande dame avec un bébé décapité. Une lune rouge éclairait la fenêtre de ma chambre. Je n’aime pas les lunes rouges, on dirait que ma chambre est remplie de sang. Je ne veux plus faire ce cauchemar, j’ai peur d’y être enfermé pour toujours. 
Ma mère s’énerve quand je lui parle de la petite fille et de mon cauchemar. Elle m’a encore traité de fou. J’ai l’impression qu’elle me cache des trucs, qu’elle sait qui elle est. Ces derniers temps, ma mère va souvent à la cave. Qu’y a-t-il à la cave ? Je n’ai pas le droit d’y aller et Creddy ne veut pas y aller, il dit que cet endroit lui fait peur, car il s’y est passé des choses terribles par le passé. Demain, c’est mon onzième anniversaire. Je ne sais pas si ma mère va le fêter. Si vous me lisez, souhaitez-moi un bon anniversaire, car je me sens un peu seul ces derniers temps…

J’ai été très intrigué par cette histoire car Matthew nous raconte ce qu’il se passe chez lui et dans sa tête avec cette horrible cauchemar. L’histoire 2, celle de la femme avec son bébé décapité dans les bras, c’était donc son cauchemar et non une histoire de son invention ! Matthew et son Creddy n’avaient rien inventé, le gamin n’avait fait que coucher sur papier un cauchemar récurrent ! La grande question que je suis alors posé était…pourquoi ? Pourquoi faisait-il ce cauchemar ? Avait-il été traumatisé par un film d’horreur vu au cinéma ou à la télévision – toutefois, dans ses histoires il n’avait jamais fait mention de ses activités ludiques –, dans un livre, ou avait-il déformé la réalité ? Quelle réalité d’ailleurs ? Je n’osais y penser car ça me faisait froid dans le dos qu’un gamin puisse assister à ce genre d’horreur. Je me bornais donc à croire qu’il s’agissait d’une peur que son inconscient avait transformé en rêve horrible.  

Une autre question me turlupinait l’esprit : pourquoi sa mère passait-elle autant de temps dans sa cave ? Pourquoi un gamin de 11 ans n’avait pas le droit d’y aller ? Pourquoi le monstre fictif Creddy en avait peur ? À ce stade de mes lectures, je ne pouvais encore apporter aucune réponse, mais je sentais que j’étais sur la bonne voie.

Enfin, j’avais noté sur mon carnet regroupant mes notes de toutes ces histoires, ce détail très important : « L’œil blanc m’observe depuis le trou de la serrure ». Rappelez-vous ce que le petit avait dit sur Creddy : « Creddy m’a dit qu’il n’était pas nécessaire que je le voie, qu’il était comme un gros œil blanc me surveillant jour et nuit ». Cela faisait donc deux entités (Creddy et la petite fille) avec la même caractéristique, l’œil blanc. Je ne voulais pas en tirer de conclusions hâtives, mais je m’étais dit que peut-être, le petit Matthew voyait Creddy d’une certaine façon le jour, et d’une autre façon la nuit. Restez donc à comprendre pourquoi Matthew donnait deux visages opposés à son imagination, un monstre puissant le jour, une petite fille d’apparence fragile et effrayant la nuit. 


A suivre chapitre 4 : Une visite chez le psy.

Toute la partie 1 (10 chapitres) en libre consultation sur le blog des chroniques de l'Obscurité.

La partie 1 est libre de droits et peut être librement partagée. Les youtubeurs devront me laisser un message pour une éventuelle vidéo.




Le blog de l'enfant qui écrivait des histoires
https://mycreddy.blogspot.ca

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2018@Gebel de Gebhardt Stéphane.

11 commentaires:

  1. Cette pasa est tout bonnement époustouflante, je pense que c'est ta meilleure, bien joué.

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    1. Merci Rabadu de m'encourager comme tu le fais. J'espère juste qu'elle vous tiendra en haleine jusqu'au bout...

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    2. As tu des versions papier des livres que tu vends?

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    3. Non, mais j'y compte quand j'aurais eu le temps de les retravailler. Là je suis hyper malade, je publierai la quatrième partie en fin de semaine. Merci Rabadu.

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    4. Merci de ta réponse et remet toi bien.

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    5. La 4e partie est pour demain dimanche vers 14heures. Aplus.

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  2. Ha j'avais mal compris pour le chapitre précédent ^^"
    Mais on est plus avancé sur l'apparence de Creddy (tu t'es inspiré de Freddy pour le nom ?)

    Bon anniversaire à ce petit Matthew
    J'espère qu'aller chez le psy l'aidera à se comprendre

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    1. hé hé je viens de me rendre compte que sans doute oui, je m'étais inconsciemment inspiré de Freddy les griffes de la nuit ! MERCI de ta clairvoyance !

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Je ride à attendre vos impressions...