Chapitre 6 – Recherches
et découvertes
Malgré
mes faibles connaissances en informatique, j’ai contacté l’hébergeur du site
internet de Matthew. Bien entendu, je me suis heurté à une fin de non-recevoir
à cause de la loi sur la confidentialité des données protégeant ses
utilisateurs. Comme on ne pouvait laisser aucun commentaire sur son blog
d’histoires d’horreur, je suis remonté sur le site d’histoires pour enfants où j’avais
découvert les premiers écrits de Matthew. Mon idée était la bonne puisqu’il y
avait des commentaires sous ses premiers textes ! Je
me suis trouvé très con quand j’ai vu les dates de ces commentaires dont les
plus anciens remontaient à six ans. Cela voulait donc dire qu’à ce stade de mes
recherches, Matthew avait au minimum 14 ans puisqu’il disait avoir 8 ans pour
son premier texte. Je dis bien au minimum, puisque je le répète, il n’était
pas certain qu’il les ait postées juste après les avoir écrites.
Revenons
aux commentaires. J’avoue les avoir lus avec une certaine voracité, et je
frissonnais à chaque fois que des félicitations lui étaient adressées. Je me
suis alors rendu compte qu’inconsciemment j’aimais ce gosse. Je sais, c’était
complètement stupide alors que je ne le connaissais qu’à travers ses effrayants
écrits. Était-ce alors de la compassion ? Je n’en savais fichtrement mais je
trouvais à Matthew des circonstances atténuantes, sans doute à cause de sa mère
que je trouvais très dur avec lui. Toutefois, je savais très bien que je ne connaissais
Carlene qu’à travers les histoires sans doute non objectives de Matthew.
Peut-être lui faisait-elle des câlins, peut-être avait-elle des moments tendes
avec lui, mais Matthew n’avait sans doute pas envie de « ramollir »
la portée macabre de ses récits ?
Au
début de notre histoire, je vous parlais des renseignements sur la vie des
Corns. Ces renseignements je les ai trouvés dans les commentaires sous ses premiers
textes ! Un lecteur du site pour enfants lui avait demandé son vrai prénom et
Matthew lui avait non seulement donné son prénom, mais aussi celui de sa
mère avec son nom ! C’est là aussi que j’ai découvert une petite partie de
son histoire personnelle (son âge à l’époque de ses premiers écrits et qu’il savait
lire à 3 ans, écrire à 4).
Toutes les réponses de Matthew dataient d’au
minimum cinq ans et tous les commentaires postérieurs à cette date n’avaient aucune
réponse, ce qui signifiait que Matthew y avait répondu pendant une année
environ. J’ai eu beau déroulé ses dix-sept premiers textes sans trouver plus d’autres
réponses. C’est à ce moment que j’ai eu une idée complètement idiote. Je savais
très bien qu’il ne répondait plus à personne depuis cinq ans, mais, obstiné et
têtu comme je l’étais à l'époque, j’ai pris l’initiative de lui laisser un
message. Je ne me souviens plus trop des termes que j’ai employés, mais en
gros, mon message disait ceci :
Je suis un fervent admirateur de tes
textes et je te félicite mon cher Matthew. J’aimerais savoir si tu vas bien et d’où
te viennent toutes ces idées ? Je te laisse mon mail, au cas où tu
voudrais me parler un peu plus de toi en privé.
Assez nerveusement je dois l’avouer, j’ai
consulté le forum des histoires pour enfants pendant plusieurs jours, faisant sûrement
de moi le plus vieux et le plus gros utilisateur de ce site. Je savais très
bien qu’il n’allait pas me répondre, mais je gardais toujours en moi un petit
espoir. Alors que cela faisait grosso modo deux semaines que j’avais posté ma
question, mon cœur a explosé dans ma poitrine quand j’ai reçu cette
réponse :
CREDDY
Recevoir
ce simple mot m’a rendu fou de joie, même s’il était écrit en rouge et que la
police de caractère était assez étrange. C’était comme si la plus belle femme du
monde avait dit je t’aime à un vieux croûton comme moi ! Je crois avoir
sauté de ma chaise à roulettes et avoir dansé autour pendant une bonne minute
en claquant des mains et en tortillant du popotin. Puis je me suis rassis et je
lui ai laissé des tas d’autres messages en espérant une réponse.
Quelques jours après (c’était un jeudi
je crois), alors que ma vieille mère râlait pour que j’aille faire cuire la
dinde pour le réveillon de Noël, un nouveau message a capté mon attention. Le
sujet du mail était écrit en rouge, dans le même lettrage que la réponse de
Matthew. Le titre du sujet était :
AIDEZ-MOI
Il a fallu que ma vieille mère me file un bon
coup derrière la tête pour que je décolle mes yeux de l’écran. Avant de fermer l’ordinateur
et de remettre à plus tard la compréhension de ce titre, j’ai constaté qu’il
n’y avait pas d’expéditeur, ou plutôt si, il y en avait un, mais c’était
impossible puisque cet expéditeur, c’était moi !
A plusieurs reprises pendant le
réveillon on m’a demandé si ça allait, si j’étais malade, enfin toutes les
attentions idiotes qu’on peut porter à un homme de mon âge. Bien sûr, aucun membre de ma charmante famille n’était au
courant de mes lectures et par conséquent, de mes recherches. Toutefois,
j’avais une belle-fille formidable. Elle me regardait toujours d’un œil
bienveillant et a bien vu que ça n’allait pas. Quant à son crétin de mari qui
n’était rien d’autre que mon fils, il s’en foutait royalement de ma santé !
À Gwenaëlle je confiais mes petits tracas, mes bobos, je lui contais mes balades
en forêts, mes récoltes de champignons et le nom des oiseaux qui avaient chanté
au-dessus de ma tête. Gwenaëlle avait aussi le petit qui vous détend, qui vous
fait sourire. Par exemple, l’autre jour, je ne sais plus trop quand, elle m’a
dit que j’étais agoraphobe et que je n’étais jamais sorti de cette maison !
Très drôle non ?
Reprenons. Après le déballage des cadeaux de
cette bruyante marmaille, j’ai fini par craquer et j’ai emmené ma belle-fille dans
mon bureau. J’ai refermé la porte, je me suis assis sur mon vieux fauteuil en
cuir et je lui ai dit que je m’inquiétais pour un enfant dont je ne pouvais pas
révéler l’identité. En femme conciliante, elle ne m’a pas cuisiné. Je lui ai
demandé de me rendre un service, c’est-à-dire de laisser son email sous un
texte du petit Matthew. Elle a accepté.
Le lendemain de Noël, Gwenaëlle m’a appelé.
Elle était très angoissée et m’a demandé ce qui se passait, si j’avais besoin
d’aide. Je lui ai répondu que non, que tout allait bien. Eh bien figurez-vous que
suite à son message sous le texte du petit Matthew, elle a reçu exactement le
même message que moi dans sa boîte mail !
AIDEZ-MOI
Mais le plus étrange et surtout
le plus incompréhensible, c’est que l’expéditeur de ce message, c’était encore moi !
Au timbre de sa voix, je savais qu’elle ne plaisantait pas, elle m’a même demandé
si je n’avais pas rechuté, si je n’étais pas victime d’une perte temporaire de
mémoire ? Je lui ai répondu que je me sentais parfaitement bien et que
je lui avais fait une blague d’un goût très douteux, que je m’en excusais
humblement. Bien sûr Gwenaëlle m’a pardonné en me demandant de ne plus jamais
recommencer.
Je suis resté un long moment dans mon bureau à me poser mille
questions, à me demander qui pouvait envoyer des messages de détresse avec mon
mail et quel était son but ?
De terribles cauchemars ont commencé le
soir de cet incident. Même si j’en faisais quelques-uns depuis que je lisais ces
affreuses histoires, ils se sont comme intensifiés. Je
me voyais faire des choses terribles, j’étais toujours le mauvais personnage,
le tourmenteur, l’homme qui massacrait la petite Élorine à coups de couteau ou
frappait violemment Matthew à coups de pieds. J’ai alors
compris que ces histoires allaient peu à peu m’entrainer à côtoyer les récifs
escarpés de la folie humaine. J’aurais très bien pu tout arrêter mais je ressentais
le besoin oppressant d’en savoir plus comme je sentais que j’avais un rôle à
jouer et que finalement, je n’étais peut-être pas le chasseur, mais le chassé.
Un raisonnement complètement
irrationnel a alors germé dans mon esprit : et si le petit Matthew avait un
pouvoir psychique qui allait au-delà de ses textes ? Si pour une raison que
j’ignore toujours, il avait écrit ses histoires dans un but précis, connu de
lui seul ? Car il faut bien avouer une chose : je me sentais observer
par ses horribles protagonistes dès que mes yeux parcouraient les lignes de ses
histoires ! J’ai peu à peu développé un sentiment de paranoïa, j’avais
l’impression que ces histoires s’emparaient de moi, qu’elles me prenaient aux
tripes, qu’elles s’insinuaient dans ma boîte crânienne. Bon, puisque je vous
écris, c’est que je m’en suis sorti ! Enfin je crois. Et vous qui avez lu
ses premières histoires, ne sentez-vous pas la Grande Dame juste derrière vous,
son bébé à moitié décapité tenu contre sa maigre poitrine, un couteau ensanglanté
le long de son flanc droit ?
A suivre chapitre 7 : IL.
Toute la partie 1 (10 chapitres) en libre consultation sur le blog des chroniques de l'Obscurité.
La partie 1 est libre de droits et peut être librement partagée. Les youtubeurs devront me laisser un message pour une éventuelle vidéo.
Le blog de l'enfant qui écrivait des histoires
https://mycreddy.blogspot.ca
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2018@Gebel de Gebhardt Stéphane.
J'ai peur que cet enfant ne soit plus et que ce soit son esprit qui appelle à l'aide...
RépondreSupprimerOu alors le vrai méchant est le narrateur, qui se souvient sans le savoir de tous les crimes qu'il a commis >.< Je veux savoir >o< mais s'il y a 20 chapitres on va devoir être patient avant de connaître le fin mot de cette histoire... ^^"
Hum, ta vision des choses est superbe car je ne voyais pas mon histoire commme ça ! IL y aura 30 chapitres je pense.
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