samedi 17 mars 2018

Les effrayantes histoires d'un enfant (Chapitre 6)



Chapitre 6 – Recherches et découvertes

Malgré mes faibles connaissances en informatique, j’ai contacté l’hébergeur du site internet de Matthew. Bien entendu, je me suis heurté à une fin de non-recevoir à cause de la loi sur la confidentialité des données protégeant ses utilisateurs. Comme on ne pouvait laisser aucun commentaire sur son blog d’histoires d’horreur, je suis remonté sur le site d’histoires pour enfants où j’avais découvert les premiers écrits de Matthew. Mon idée était la bonne puisqu’il y avait des commentaires sous ses premiers textes ! Je me suis trouvé très con quand j’ai vu les dates de ces commentaires dont les plus anciens remontaient à six ans. Cela voulait donc dire qu’à ce stade de mes recherches, Matthew avait au minimum 14 ans puisqu’il disait avoir 8 ans pour son premier texte. Je dis bien au minimum, puisque je le répète, il n’était pas certain qu’il les ait postées juste après les avoir écrites.

Revenons aux commentaires. J’avoue les avoir lus avec une certaine voracité, et je frissonnais à chaque fois que des félicitations lui étaient adressées. Je me suis alors rendu compte qu’inconsciemment j’aimais ce gosse. Je sais, c’était complètement stupide alors que je ne le connaissais qu’à travers ses effrayants écrits. Était-ce alors de la compassion ? Je n’en savais fichtrement mais je trouvais à Matthew des circonstances atténuantes, sans doute à cause de sa mère que je trouvais très dur avec lui. Toutefois, je savais très bien que je ne connaissais Carlene qu’à travers les histoires sans doute non objectives de Matthew. Peut-être lui faisait-elle des câlins, peut-être avait-elle des moments tendes avec lui, mais Matthew n’avait sans doute pas envie de « ramollir » la portée macabre de ses récits ?

Au début de notre histoire, je vous parlais des renseignements sur la vie des Corns. Ces renseignements je les ai trouvés dans les commentaires sous ses premiers textes ! Un lecteur du site pour enfants lui avait demandé son vrai prénom et Matthew lui avait non seulement donné son prénom, mais aussi celui de sa mère avec son nom ! C’est là aussi que j’ai découvert une petite partie de son histoire personnelle (son âge à l’époque de ses premiers écrits et qu’il savait lire à 3 ans, écrire à 4).

Toutes les réponses de Matthew dataient d’au minimum cinq ans et tous les commentaires postérieurs à cette date n’avaient aucune réponse, ce qui signifiait que Matthew y avait répondu pendant une année environ. J’ai eu beau déroulé ses dix-sept premiers textes sans trouver plus d’autres réponses. C’est à ce moment que j’ai eu une idée complètement idiote. Je savais très bien qu’il ne répondait plus à personne depuis cinq ans, mais, obstiné et têtu comme je l’étais à l'époque, j’ai pris l’initiative de lui laisser un message. Je ne me souviens plus trop des termes que j’ai employés, mais en gros, mon message disait ceci :

Je suis un fervent admirateur de tes textes et je te félicite mon cher Matthew. J’aimerais savoir si tu vas bien et d’où te viennent toutes ces idées ? Je te laisse mon mail, au cas où tu voudrais me parler un peu plus de toi en privé.

Assez nerveusement je dois l’avouer, j’ai consulté le forum des histoires pour enfants pendant plusieurs jours, faisant sûrement de moi le plus vieux et le plus gros utilisateur de ce site. Je savais très bien qu’il n’allait pas me répondre, mais je gardais toujours en moi un petit espoir. Alors que cela faisait grosso modo deux semaines que j’avais posté ma question, mon cœur a explosé dans ma poitrine quand j’ai reçu cette réponse :

CREDDY

Recevoir ce simple mot m’a rendu fou de joie, même s’il était écrit en rouge et que la police de caractère était assez étrange. C’était comme si la plus belle femme du monde avait dit je t’aime à un vieux croûton comme moi ! Je crois avoir sauté de ma chaise à roulettes et avoir dansé autour pendant une bonne minute en claquant des mains et en tortillant du popotin. Puis je me suis rassis et je lui ai laissé des tas d’autres messages en espérant une réponse.

Quelques jours après (c’était un jeudi je crois), alors que ma vieille mère râlait pour que j’aille faire cuire la dinde pour le réveillon de Noël, un nouveau message a capté mon attention. Le sujet du mail était écrit en rouge, dans le même lettrage que la réponse de Matthew. Le titre du sujet était :

AIDEZ-MOI

Il a fallu que ma vieille mère me file un bon coup derrière la tête pour que je décolle mes yeux de l’écran. Avant de fermer l’ordinateur et de remettre à plus tard la compréhension de ce titre, j’ai constaté qu’il n’y avait pas d’expéditeur, ou plutôt si, il y en avait un, mais c’était impossible puisque cet expéditeur, c’était moi !

A plusieurs reprises pendant le réveillon on m’a demandé si ça allait, si j’étais malade, enfin toutes les attentions idiotes qu’on peut porter à un homme de mon âge. Bien sûr, aucun membre de ma charmante famille n’était au courant de mes lectures et par conséquent, de mes recherches. Toutefois, j’avais une belle-fille formidable. Elle me regardait toujours d’un œil bienveillant et a bien vu que ça n’allait pas. Quant à son crétin de mari qui n’était rien d’autre que mon fils, il s’en foutait royalement de ma santé ! À Gwenaëlle je confiais mes petits tracas, mes bobos, je lui contais mes balades en forêts, mes récoltes de champignons et le nom des oiseaux qui avaient chanté au-dessus de ma tête. Gwenaëlle avait aussi le petit qui vous détend, qui vous fait sourire. Par exemple, l’autre jour, je ne sais plus trop quand, elle m’a dit que j’étais agoraphobe et que je n’étais jamais sorti de cette maison ! Très drôle non ?

Reprenons. Après le déballage des cadeaux de cette bruyante marmaille, j’ai fini par craquer et j’ai emmené ma belle-fille dans mon bureau. J’ai refermé la porte, je me suis assis sur mon vieux fauteuil en cuir et je lui ai dit que je m’inquiétais pour un enfant dont je ne pouvais pas révéler l’identité. En femme conciliante, elle ne m’a pas cuisiné. Je lui ai demandé de me rendre un service, c’est-à-dire de laisser son email sous un texte du petit Matthew. Elle a accepté.

Le lendemain de Noël, Gwenaëlle m’a appelé. Elle était très angoissée et m’a demandé ce qui se passait, si j’avais besoin d’aide. Je lui ai répondu que non, que tout allait bien. Eh bien figurez-vous que suite à son message sous le texte du petit Matthew, elle a reçu exactement le même message que moi dans sa boîte mail !

AIDEZ-MOI

Mais le plus étrange et surtout le plus incompréhensible, c’est que l’expéditeur de ce message, c’était encore moi ! Au timbre de sa voix, je savais qu’elle ne plaisantait pas, elle m’a même demandé si je n’avais pas rechuté, si je n’étais pas victime d’une perte temporaire de mémoire ? Je lui ai répondu que je me sentais parfaitement bien et que je lui avais fait une blague d’un goût très douteux, que je m’en excusais humblement. Bien sûr Gwenaëlle m’a pardonné en me demandant de ne plus jamais recommencer.

Je suis resté un long moment dans mon bureau à me poser mille questions, à me demander qui pouvait envoyer des messages de détresse avec mon mail et quel était son but ?

De terribles cauchemars ont commencé le soir de cet incident. Même si j’en faisais quelques-uns depuis que je lisais ces affreuses histoires, ils se sont comme intensifiés. Je me voyais faire des choses terribles, j’étais toujours le mauvais personnage, le tourmenteur, l’homme qui massacrait la petite Élorine à coups de couteau ou frappait violemment Matthew à coups de pieds. J’ai alors compris que ces histoires allaient peu à peu m’entrainer à côtoyer les récifs escarpés de la folie humaine. J’aurais très bien pu tout arrêter mais je ressentais le besoin oppressant d’en savoir plus comme je sentais que j’avais un rôle à jouer et que finalement, je n’étais peut-être pas le chasseur, mais le chassé.

Un raisonnement complètement irrationnel a alors germé dans mon esprit : et si le petit Matthew avait un pouvoir psychique qui allait au-delà de ses textes ? Si pour une raison que j’ignore toujours, il avait écrit ses histoires dans un but précis, connu de lui seul ? Car il faut bien avouer une chose : je me sentais observer par ses horribles protagonistes dès que mes yeux parcouraient les lignes de ses histoires ! J’ai peu à peu développé un sentiment de paranoïa, j’avais l’impression que ces histoires s’emparaient de moi, qu’elles me prenaient aux tripes, qu’elles s’insinuaient dans ma boîte crânienne. Bon, puisque je vous écris, c’est que je m’en suis sorti ! Enfin je crois. Et vous qui avez lu ses premières histoires, ne sentez-vous pas la Grande Dame juste derrière vous, son bébé à moitié décapité tenu contre sa maigre poitrine, un couteau ensanglanté le long de son flanc droit ?



A suivre chapitre 7 : IL.

Toute la partie 1 (10 chapitres) en libre consultation sur le blog des chroniques de l'Obscurité.

La partie 1 est libre de droits et peut être librement partagée. Les youtubeurs devront me laisser un message pour une éventuelle vidéo.






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2018@Gebel de Gebhardt Stéphane.

2 commentaires:

  1. J'ai peur que cet enfant ne soit plus et que ce soit son esprit qui appelle à l'aide...
    Ou alors le vrai méchant est le narrateur, qui se souvient sans le savoir de tous les crimes qu'il a commis >.< Je veux savoir >o< mais s'il y a 20 chapitres on va devoir être patient avant de connaître le fin mot de cette histoire... ^^"

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    1. Hum, ta vision des choses est superbe car je ne voyais pas mon histoire commme ça ! IL y aura 30 chapitres je pense.

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Je ride à attendre vos impressions...