dimanche 21 août 2016

Communication

  


- 17. Quelle est votre urgence ?

- Je…je m'appelle Robert Leroy, et...et…ma femme a disparu.

- Depuis quand votre femme a-t-elle disparu, monsieur Leroy ?

- Une semaine, peut-être plus, peut-être moins, je ne sais plus.

- Toute disparation avérée doit être signalée après 48 heures.

- Oui, mais...j’étais en affaires à l’autre bout du monde, dans une île...Le réseau satellite était HS. Dès que mon avion s’est posé à Orly, j’ai consulté mes messages et il n’y en avait aucun de ma femme.

- Est-ce habituel ?

- Non, c’est pour ça que je vous appelle, on...on est très liés tous les deux.

- Depuis quand êtes-vous arrivé chez vous ?

- Une heure, deux, trois, je ne sais plus.

- Elle est peut-être chez des amies ou partir voir sa famille ?

- Non, je ne pense pas.

- Vous auriez dû les appeler pour vous en assurer.

- Je sais, je sais mais........je ne pense pas que ce soit nécessaire.

- Pourquoi ?

- Il y a des vers, de gros vers blancs.


- Où ça monsieur Leroy ?

- Je les vois.

- Pouvez-vous me préciser où se trouvent ces vers ?

- Sous la porte. Et devant aussi.

- Sous la porte monsieur Leroy ? Quelle porte ?

- La porte de salle de bains.

- Vous pouvez l’ouvrir ?

- Non.

- Pourquoi ?

- Je...je crois qu'elle est fermée de l’intérieur.

- Comment le savez-vous ?

- J'ai déjà essayé. Enfin je ne sais pas...je ne sais plus trop.

- OK. Vous pouvez la défoncer ?

- Non...je...je ne veux plus marcher sur les vers. Il y en a tellement...ils...ils vont encore me faire du mal.

- Euh...Je vous envoie une patrouille, mais vous devez essayer monsieur Leroy, vous devez défoncer cette porte.

- Je ne veux plus marcher sur ces vers !

- Essayez monsieur Leroy, ce ne sont que des asticots.

- Attendez !

- Oui ?

- Ils...ils se sont redressés et me regardent !

- Qu'est-ce qui vous regarde monsieur Leroy ?

- Leurs yeux jaunes...ils...ils me regardent.

- C'est impossible monsieur Leroy. Gardez-votre calme.

- Ils...ils ont tous un visage...

- Un visage ? Euh...Avez-vous un insecticide ou pouvez-vous les écraser ?

- Non...attendez.

- ...Oui ?

- La poignée de la porte...s'abaisse.

- C’est peut-être votre femme ?

- J’ai peur…

- Gardez votre sang-froid.

- La porte s’entrouvre.

- …

- Il...oh...non…

- Que voyez-vous monsieur Leroy ?

- Une truffe. Ca renifle.

- Une truffe ?

- Le chien, j’avais oublié le chien. Je crois que j'ai un chien.

- Quel est son nom ?

- Euh...Teddy, mais je n'en suis pas sûr.

- Alors dites à Teddy de venir vers vous.

- Oh non, la truffe est bouffée par les vers aux yeux jaunes.

- Comment ?

- Les vers sur sa truffe...ils...ont faim.

- ...Euh...Que fait votre chien ?

- Il sort sa tête et... Oh non...

- Qu’y a-t-il monsieur Leroy ?

- Il y a une main dans la gueule de Teddy. L’alliance, je vois l’alliance.

- L’alliance de votre femme ?

- Je crois... il ... Teddy avance et...oh non...le bras, le bras arraché de ma femme pend dans sa gueule.

- Euh...Bon...Quelle est sa race de votre chien ?

- Berger allemand je crois mais...il est si…long.

- Long ?

- Son cou...blanc... il est si long...il sort toujours de la salle de bains. Il est si long...

- Monsieur Leroy ?

- ...

- Monsieur Leroy, ne restez pas là, sortez de chez vous, la patrouille va arriver d’un instant à l’autre. Votre chien a peut-être la rage.

- Ils...ils claquent des dents.

- Monsieur Leroy, euh, ce n'est pas possible.

- Tous claquent des dents…

- Monsieur Leroy, sortez rapidement de là !

- Je crois que c'est impossible.

- Pourquoi ?

- Mon corps est sur la moquette.

- Relevez-vous et sortez !

- Les vers aiment  ma chair.

- Retirez-les monsieur Leroy !

- Je...je ne peux pas.

- Essayez !

- Mes...mes mains... oh mes os, mes sont percés de gros vers et mon sang...mon sang...partout sur la moquette...

- Je... Je vous appelle une ambulance.

- C'est étrange...je ne sens rien...je...

- Qu'est ce qui est étrange monsieur Leroy ?

- Je vois mon corps dévoré par ses enfants...Leur mère me regarde...Ses gros yeux jaunes...Oh non...ma femme, dans la salle de bains...

- Je...je ne comprends plus monsieur Leroy ?  Vous voyez votre femme ?

- ...

- Monsieur Leroy ? Monsieur Leroy ?

- ... (Grésillements...).


FIN DE L'APPEL.


Conclusion provisoire du parquet de Versailles sur l’affaire Leroy :


Cet appel a été reçu le 11 juillet 2016 par le centre d'appel des urgences de Versailles. En arrivant sur les lieux, la police a découvert le corps en partie dévoré et couvert d'asticots de monsieur Leroy. Le bras de sa femme a été retrouvé dans la salle de bains, ainsi qu'une partie de son visage. L’auteur de l’appel n’a pu être identifié et cet appel n'a pas été produit par le mobile de monsieur Leroy. L'analyse scientifique révèlera plus tard que la date de sa mort remonte à une semaine avant cet appel. De plus, une nouvelle espèce de gros vers blancs aux yeux jaunes, de la taille d'une main d'enfant, dotés d'une très fine dentition, a été identifiée au sous-sol. Un marqueur chimique a fait apparaître des traces de reptation dans la cave et sur les planchers de la maison. La marque la plus évidente provenait du jardin car un large sillon écartait l'herbe haute. Un trou dans le grillage a aussi été découvert. Le mystère du chien Teddy reste entier car après analyse génétique, une partie de ses os brisés ont été retrouvés sous trois mètres de profondeur dans le jardin…

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Attention, certaines nouvelles sont déconseillées au moins de 12 ans. 


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