Chapitre 6 – Recherches et découvertes
Histoire 7
– IL
« Le monsieur court aussi
vite qu’il peut. Derrière lui, des branches mortes cassent avec des bruits secs,
des oiseaux s’envolent brusquement, des bêtes affolées courent sans qu’on les
voie. Les pas de la Grande Dame sont si grands qu’elle n’a pas besoin de
courir. Mètre après mètre, elle rattrape le monsieur qui court avec Élorine dans
les bras. Le monsieur la veut pour elle, il veut la petite fille pour récupérer
ses pouvoirs cachés dans son crâne.
La végétation devient plus dense,
les arbres se resserrent, on dirait que la forêt ne veut pas que le monsieur
s’échappe, comme si la forêt obéissait à la Grande Dame. L’homme se prend les
pieds dans une racine et tombe lourdement. La petite fille lui échappe des bras,
se cogne la tête contre un énorme tronc, se retrouve miraculeusement assisse entre
des racines. Elle a mal à la tête, mais elle ne pleure pas, comme si elle était
habituée à souffrir.
Alors que le monsieur tente de se
relever, la Grande Dame écrase son dos avec son pied droit. La petite fille sourit,
elle aime voir ça. Sa bouche est immense, elle s’ouvre jusqu’aux lobes d’oreille
et de petites dents pointues la rendent effrayantes.
- Aide-moi ma fille, dit le monsieur par terre,
un bras tendu vers elle.
- N’écoute pas ce fou, tu sais
très bien qu’il veut te faire du mal ma chérie !
- C’est faux, je t’aime, jamais
je ne pourrais te faire du mal !
- Ne l’écoute pas, ton père est
un fourbe !
- Et ta mère une vieille
sorcière !
- Ferme-la ou je t’étripe !
- Devant la gamine, bravo !
- Je lui dirai que c'était un
cauchemar, elle ne se souviendra de rien, crois-moi !
- Je ne suis pas une idiote !
crie aussitôt la petite fille.
La Grande Dame sursaute, comme si
elle avait peur de sa fille.
- Mais non ma chérie, je disais
ça pour me trouver une excuse !
- Ah d’accord…bon, vas-y, hi hi, rit-elle
en mettant une petite main devant sa grande bouche aux dents pointues.
La Grande Dame lève alors
son grand couteau et l’abat dans le dos de l’homme à terre. La pointe de la
lame s’arrête à quelques millimètres de son dos. La Grande Dame force,
s’énerve, abat deux autres coups en hurlant, mais n’y arrive toujours pas. Son
visage grimaçant se lève vers Élorine qui a un bras tendu vers elle :
- Arrête ça tout de suite !
La petite fille fait non de la
tête.
- Ton père n’est qu’un sale type,
il ne sert à rien !
Élorine refait non de la tête.
- Tu sais ce qu’il t’aurait fait si
je ne l’avais pas rattrapé, hein ? Il t’aurait égorgé comme une truie
pour boire ton sang et voler tes pouvoirs !
- Ne l’écoute pas ma belle petite,
ta mère te ment ! Je voulais juste t’emmener à la fête foraine, je suis
sûr que tu adorerais le manège avec les chevaux vernis !
- C’est toi le menteur !
- Si je ne le tue pas maintenant ma chérie, tu sais très bien qu’il entrera
par ta fenêtre et t’égorgera dans ton lit !
- C’est vrai ça ? demande Élorine d’une voix très aiguë.
- C’est faux ma fille ! grimace
le papa.
- Et moi j’te le jure, les
hommes sont tous des menteurs, je l’ai déjà dit mille fois !
- Petit frère aussi ?
- Ton frère n’est pas encore un
homme.
- Nous le tuerons bien avant, hi hi, dit la mère d’un ton perfide.
Alors, tu vas me laisser tuer ce porc, oui ou merde ?
D’accord, hi hi ! se réjouit
Élorine.
Elle baisse la main, son papa
hurle. C’est alors qu’IL surgit de nulle part. IL porte un vêtement blanc si
lumineux qu’il éblouit la petite fille et la Grande Dame se jette en arrière.
- Tu dois empêcher ta mère de faire ça ! lui dit aussitôt l’Homme.
- Qui tu es ? Un
ange ? lui demande Élorine avec sa petite voix aigüe.
- Oui, si tu veux, mais ne laisse
pas ta mère tuer ton père. Ton âme en serait à jamais salie et tu n’iras pas au
paradis.
- Maman dit que ça n’existe pas le paradis, l’enfer aussi d'ailleurs,
qu’il n’y a que des ombres et des lumières qui hantent la Terre après la mort.
- Oh si, crois-moi, le paradis
existe bel et bien.
- Tu y as été toi du paradis ?
- Oui, si on veut. Alors laisse
partir ton père et je m’arrangerais pour qu’il ne vienne plus jamais t’embêter.
- C’est un homme, maman dit qu’on
ne peut pas faire confiance aux hommes.
- Tous les hommes ne sont pas
mauvais, au contraire, il y en a beaucoup de bons.
- Il a raison, intervient son
père, et j’en fais partie, crois-moi ma petite, je suis un bon homme.
- Comment oses-tu dire ça alors
que tu l’as abandonnée à sa naissance !
- Hey c’est normal, j’avais
trouvé un boulot à l’autre bout de l’Angleterre, et comme j’ai une épave comme
voiture, je ne pouvais pas venir vous voir !
- La petite a cinq ans, espèce de
con !
- Ah déjà ? C’est dingue
comme le temps vite mon amour.
Le père d’Élorine se relève et,
confiant, frotte ses mains pour retirer terre et feuilles mortes qui y sont
collées. En poussant un rire cynique, la Grande Dame le frappe avec son couteau
qui s’enfonce entre ses omoplates. Surpris, le papa pousse une brève exclamation
avant de s’écrouler.
IL crie et se précipite sur le papa
d’Élorine, mais des soubresauts agitent déjà son corps.
- Pourquoi ? murmure-t-IL
agenouillé près du corps agonisant, pourquoi as-tu laissé ta mère tuer ton
père ?
- Pour te tester.
- Oui, si tu es un ange, ressuscite mon papa ! lui ordonne la petite fille.
- Je…je ne peux pas…ça ne marche
pas comme ça », répond-IL abattu.
- Ce n’est pas moi qui l’ai tué ! proteste Élorine. Et puis ce
n’est pas mon papa qui vendra me tuer, ce ne sera jamais mon papa !
- Allons, cela ne concerne en rien le monsieur en blanc qui n’est pas
un ange, mais un emmerdeur ! Viens maintenant ma petite Élorine, il est grand
temps de rentrer à la maison… »
Voilà pour cette bien étrange histoire. Au risque de me répéter, il m’a
fallu un peu de temps pour comprendre où le petit Matthew voulait emmener ses
lecteurs. Nous retrouvons les personnages des autres histoires et en découvrons
deux nouveaux, le plus important des deux étant le fameux IL. J’en ai conclu qu’il
s’agissait de la bonne conscience insufflée par le psychiatre de Matthew. D’une
certaine manière, il était le contraire de Creddy, la lumière au milieu de ses
ténèbres.
Contrairement à IL, le jeune écrivain donnait au père un rôle peu enviable ;
on croit qu’il veut sauver sa fille mais c’était dans le but de lui voler ses
pouvoirs de télékinésie. Cette histoire n’est pas crédible à cause de ce
dernier gadget surnaturel. D’ailleurs, pourquoi notre petit écrivain donnait-il
cette force à sa « sœur » alors que dans toutes ses histoires précédentes,
Élorine était la victime de sa violence littéraire ? Rappelez-vous qu’elle
s’était faîte tuée, égorgée, décapitée ! Matthew regrettait-il la mort
d’Élorine dans ses autres histoires ? Se donnait-il bonne conscience en
lui donnant des supers pouvoirs ? Et pourquoi lui donnait-il d’un coup un
aspect aussi horrible avec une grande bouche armée de dents pointues ?
J’avais aussi noté sur mon cahier de notes que contrairement à la
sixième histoire, Élorine n’était plus la petite amie de Matthew mais, pourquoi
pas, sa sœur ainée ? C’était juste un ressenti car n’oublions pas que dans
cette septième histoire, la Grande Dame affirme qu’elle tuera son fils avant
qu’il ne soit un grand garçon. Si Carlene était la Grande Dame, alors elle n’était
pas passé à l’acte puisque Matthew avait au moins vécu jusqu’à 14 ans, ce qui
rendait la réplique de Carlene fantaisiste. Nous nous trouvions donc au cœur d’une
fiction, une histoire inventée de toutes pièces par le jeune garçon. Toutefois,
je m’orientais peu à peu vers un raisonnement qui m’effrayait moi-même !
En effet, une hypothèse prenait de la consistance : et si Matthew nous
contait à sa façon le décès de sa petite sœur ? Si Élorine était morte
dans de tragiques circonstances et que Carlene en soit indirectement
responsable ? Si, témoin de cet accident, Matthew avait fait de sa mère à la
fois une Grande Dame et un monstre qui prendrait l’apparence de Creddy dans
ses histoires ? Ce serait sa manière de lui dire : « maman, tu es un monstre,
regarde, ce que tu m’inspires, ce que j’écris sur toi ! Et si les histoires de Matthew
n’était qu’une transposition fictive de faits bien réels ?! Rappelez-vous
qu’il a avoué au psy son cauchemar de la Grande Dame devant la fenêtre de sa
chambre ! Ce cauchemar était sa seconde histoire postée sur son blog et ce cauchemar aurait très bien pu être la transposition d’un
traumatisme vécu dans sa chambre ou pourquoi pas, dans la cave ?! N’oublions
pas que Creddy lui avait suggéré d’écrire des histoires mêlant la réalité à la
fiction ! Et mes découvertes suivantes n’ont fait que confirmer mes
soupçons…
A suivre chapitre 8 : Une mère ingrate.
Toute la partie 1 (10 chapitres) en libre consultation sur le blog des chroniques de l'Obscurité.
La partie 1 est libre de droits et peut être librement partagée. Les youtubeurs et autres conteurs devront me laisser un message pour une éventuelle vidéo ou diffusion écrite.
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2018@Gebel de Gebhardt Stéphane.
Cette histoire est juste génial , j'ai hâte de connaître la suite .tu arrive à capter toute mon attention comme quand je lis du lovecraft et pour réussir à faire sa, faut être fort alors bravo .
RépondreSupprimerVraiment ? Je suis étonné mais l'histoire est tellement plus simple que les démons marins du regretté Lovecraft. Merci quand même !
SupprimerJ'ai comme une vague intuition concernant le dénouement... Mais c'est hyper bien mené quand même!
RépondreSupprimerHa ha, je serais très heureux de le lire. Vas-y, lance-toi, je te dirai si tu as bon ou pas !
SupprimerBon, je viens de me rappeler qu'il a découvert Matthew par des écrits sur un vrai blog donc il ne peut pas pas être le méchant qui ne se souvient pas de ce qu'il a fait...
RépondreSupprimerEn revanche, pourquoi pas le fait que cela pourrait être lui Matthew. Il a oublié cela et un jour son inconscient lui a rappelé l'existence de ce blog pour qu'il se rappel de tout ce qu'il écrivait et et lui rappelé pourquoi il écrivait cela. Son traumatisme du passé quoi. ça expliquerait pourquoi il reçoit un message de Creddy de son propre mail
Mais je crois que je vais arrêter de chercher, tu vas me rendre folle XD
J'adore le passage avec la mère et le père qui se disputent, leurs répliques. J'ai eu des petits rires ^^
"- La petite a cinq ans, espèce de con !
- Ah déjà ? C’est dingue comme le temps vite mon amour."
Le but est de noyer le lecteur dans des suppositions et de distiller les fausses informations dans les vraies. Ou l'inverse ! Enfin je crois ! Mais je dois dire que tu es proche de la vérité, sniff...
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