dimanche 12 août 2018

Les effrayantes histoires d'un enfant (Chapitre 9)




Où en étais-je ? Je ne sais plus trop, je suis un peu troublé, enfin pas un peu, beaucoup. Je sais bien que cela n’a rien à voir avec les histoires du petit Matthew, mais…pourquoi mon fils prend-il cela tant à cœur ? Ma belle-fille Gwenaëlle lui a dit pour le fameux AIDEZ-MOI dans ce mail que je ne lui ai jamais envoyé. J’ai eu beau dire à mon fils que c’était une plaisanterie d’un goût douteux, il ne m’a pas cru.

On s’est installé dans le salon pour un sérieux tête-à-tête. Et puis, qu’avait-il avec ce Creddy ? Pourquoi me demandait-il sans cesse si Creddy était réapparu ? J’ai bien ri, un peu trop d’ailleurs à son goût, puisqu’il m’a menacé de m’enfermer dans ma chambre ! Se prendrait-il pour mon père ? Je n’ai pas apprécié ses menaces, mais j’ai accepté de répondre à ses questions. C’est dingue quand même qu’un père doive rendre des comptes à son fils ! Et puis, Creddy n’appartient qu’aux histoires de Matthew, alors pourquoi en fait-il un être réel ? D’ailleurs, je me demande comment il le connaît Creddy puisque mon fils n’a jamais lu les histoires du petit Matthew ! À moins que ce ne soit Gwenaëlle qui lui ait dit que ce gamin écrivait d'effrayantes histoires et qu'elle lui ait montré son blog ?

Bon, voilà comment ça s'est passé : on était face à face, moi sur le rocking-chair de maman dans le salon, et lui sur le canapé, les jambes croisées, l’air aussi sérieux qu’un croque-mort. Voilà ce qui s’est dit :

- Comment connais-tu Creddy ? m'a-t-il demandé.
- Creddy ? Je ne sais absolument pas qui c’est !
- Ce n’est pas ce qu’a m’a dit ta belle-fille.
- Et moi c’est ce que je te dis, je ne connais pas ce…comment dis-tu au juste ? Cré…tin ?

Il m’a regardé durement et je peux vous dire que je n’étais pas en odeur de sainteté dans ses yeux ! D’ailleurs, je n’aime pas beaucoup mon fils, il est imbu de sa personne, fier de sa réussite, un peu comme tous les bourgeois ayant connu la pauvreté dans leur enfance. D’ailleurs quand j’y repense, je ne me souviens pas du tout de cette période ni d'avoir partagé quoi que ce soit avec lui !

- Très bien, je te crois père. Alors, dis-m’en plus sur cet enfant que tu désires tant aider ?
- Mais…je ne désire aider aucun enfant ! Je ne sors pas de cette maison, comment veux-tu que j’aide un enfant que je ne connais même pas !
- Arrête de te foutre de moi père, tu sais très bien de qui je parle !
- Absolument pas !
- Gwenaëlle m’a dit que tu t’étais connecté à un site d’histoires pour gosses ?
- Et alors, c’est défendu ?
- Non, bien sûr…mais qu’y faisais-tu ?
- Puisque tu veux tout savoir, je vais te le dire : je cherchais des idées pour raconter des histoires à mes petits-enfants, voilà ce que j'y faisais ! Est-ce mal ?
- Pourtant, je n’ai entendu aucune histoire le soir de Noël, ni même le lendemain ? Nous sommes restés là deux jours ici et je n'ai rien entendu.
- C’est normal, je n'ai rien trouvé d’intéressant à leur dire ! Ces récits étaient nuls !
- Si tu le dis, m'a-t-il répondu suspicieux. Toutefois, ce que je ne comprends pas, c’est ce commentaire que tu as demandé d’écrire à Gwenaëlle sous le texte d’un de ces gosses. Comment s’appelait cet enfant ?
- Je ne sais pas moi, ces garnements ne mettent que des pseudos !
- Et quel pseudo avait choisi l’auteur de ce texte ?
- Pouah, m’en souviens plus !
- Ce ne serait pas…Creddy ?
- Bien sûr que non !
- Comment peux-tu en être aussi sûr puisque tu ne t’en souviens pas ?
- …
Je dois avouer que là, il m’a bien eu. Mon fils est très intelligent, a toujours possédé un formidable esprit de déduction. Pouvais-je continuer à lui mentir ? En tous cas, quelque chose me bloquait, me hurlait de me taire sous peine de je ne sais pas trop quoi, car je crois bien que mon fils est incapable de me faire du mal, même s'il veut m'enfermer dans ma chambre et qu'il me semble n'avoir jamais quitté cette maison !
- Tu sais ce que m’a dit Gwenaelle ? a-t-il repris après un long silence.
- Non, mais je suppose que tu vas me le dire ?
- Que le message AIDEZ-MOI dans sa boîte mail t'appartenait.
- Oui, je le sais, c’était une blague de très mauvais goût et je me suis excusé plusieurs fois auprès de ta charmante épouse.
- Mais ce qu’elle ne t’a pas dit, c’est qu’entre parenthèses, juste à côté de ton nom, il y avait un pseudonyme. Alors je te repose la question, pourquoi as-tu signé ce mail Creddy ?
Son ton était glacial, ses yeux bleus me transperçaient l'âme. Avec ses cheveux noirs plaqués en arrière, sa mine sévère, il me ferait presque peur mon fiston ! Et puis ses petites lunettes d’intello lui donnent un petit air sadique que je n’aime pas du tout.

- Navré de te dire ça, mais je ne m’en souviens plus ! répondis-je sincèrement.
- Tu ne t’en souviens plus ?
- C'est ça.
- Puisque tu le dis…
Le craquement de ses doigts a fait un drôle de bruit dans le silence du salon. Apparemment, mon fils était très contrarié.
- Peux-tu me montrer ce site pour enfants ?
- Pourquoi, Gwenaëlle ne te l’a pas montré ?
- Non.
- Eh bien, tu le lui demanderas quand tu retourneras chez toi ! Et puis ce n’est plus de ton âge de lire des histoires pour enfants ! Et puis tu n’as pas besoin de leurs idées pour écrire, tu as assez de talent pour ça !
- Je ne cherche pas des idées père, mais Creddy.
La sonnerie de son téléphone m’a sauvé la mise. Sans me quitter des yeux, il a décroché l’appareil, a répondu par des chuchotements, a raccroché, l’air contrarié.
- Bon, je dois partir. Maintenant père, si tu ne veux pas que je t’enferme dans ta chambre sans aucun moyen de communication pour te détendre, tu arrêtes ton petit trafic et tu reprends le cours normal de ton existence. Je me fais bien comprendre ? m’a-t-il menacé en haussant ses sourcils noirs comme les ailes des corbeaux.

La pâleur de son visage, son costard sombre et sa chemise blanche le faisait ressembler à un croque-mort.

- Mais si tu m’enfermes, qui va s’occuper de ta mère ?

Sa joue gauche a tiqué.

- Tu veux dire de ma grand-mère ?
- Ce n’est pas ce que j’ai dit ? 

Il a secoué la tête, complètement exaspéré par mon attitude que je qualifierais de normale ! Mon fils n’a jamais été patient, mais là, c’était le comble.

- Tu as des soucis avec ta femme ? ai-je dit pour changer de sujet.

Après un haussement d’épaules il s’est levé, a eu le respect de me dire au revoir, a quitté la maison en claquant la porte. Je ne sais combien de temps je suis resté assis dans mon rocking-chair à me balancer, mais cet entretien avec mon fils était si irréaliste que je peine toujours à m’en remettre. Toutefois, une question tourneboule dans mon esprit que l’âge a peu à peu embrouillé : pourquoi s’intéresse-t-il autant à un monstre imaginaire ? Je trouve ça très étrange, mais à bien y réfléchir, il y a encore plus étrange : j’ai l’impression d’avoir vécu ce même genre de discussion il n’y a pas si longtemps… Les injonctions de ma mère interrompent le cours de mes réflexions et je me dépêche d’aller la lever de sa sieste car si je tarde trop, elle sera de très mauvaise humeur…


A suivre chapitre 10 : Henri.

Toute la partie 1 (10 chapitres) en libre consultation sur le blog des chroniques de l'Obscurité.

La partie 1 est libre de droits et peut être librement partagée. Les youtubeurs et autres conteurs devront me laisser un message pour une éventuelle vidéo ou diffusion écrite.






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2018@Gebel de Gebhardt Stéphane.

8 commentaires:

  1. J'adore toujours autant tes histoires !^^ J'ai hâte que le chapitre 10 soit posté *^*
    Et par contre pour l'une des phrases ce ne serait pas plutôt "Il a secoué la tête, complètement exaspéré par mon attitude que je qualifierais de normale!" au lieu de "Il a secoué la tête, complètement exaspéré par mon attitude que je qualifierais de normal!" ?

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    1. Bien joué Luna, merci, j'aime vraiment être corrigé, alors continue !

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    2. Tout le plaisir est pour moi ! Je t'ai laissé un message sur les posts privés de la pastille google +. Ce message te dit que tu peux avoir le livre gratuit mais avant correction et ce serait bien que toi aussi tu me corriges ! Enfin je dis ça, je dis rien, il n'y a aucune obligation bien entendu.

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  2. Hmmm... Le fils semble connaître l'existence de Creddy
    En plus il n'apprécie pas du tout ça... il est très intelligent comme le petit Matthew
    Mais le père est aussi taquin que le petit Matthew quand il cherche à éluder les questions du psy...
    La grand- mère a l'air aussi tyrannique que Carlène, la mère de Matthew...
    J'en suis de plus en plus sûr, Matthew est où le père ou le fils !
    Je vais peut-être réussir à éviter l'asile, j'ai une lueur d'espoir qui renaît là ! *w*
    Ou alors je suis trop bête pour comprendre TToTT

    Je serais au RDV pour le chapitre 10, c'est obligé ! On touche au but >.<

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    1. Non tu as tout compris, c'est l'un ou l'autre mais qui est l'un et qui est l'autre ? Et pourquoi ont-ils cette relation ? Tu vas bientôt le savoir !

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  3. Ah ! Je suis certaine que l'homme est Matthew ! Le fils semble en plus connaitre Creddy et ne pas l'apprécier comme si il appréhendait son retour... L'autre personnalité de son père. Il prends peut être ça à cœur parce-que l'évocation de Creddy par le père était peut être un signe de son retour...
    Même si j'avoue que je préfère l'idée que Matthew soit une autre personne encore enfant...ça semble de moins en moins vraisemblable....
    En tout cas cette histoire est passionnante ! J'attends avec impatience la suite ! <3

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    1. C'est peut-être ça ! P'tet bien que oui, p'tet bien que non ! Tu en sauras plus au chapitre 10 ! C'est vrai que Matthew aurait pu rester enfant mais dans cette histoire, tu vas découvrir qu'il y a trois périodes de temps, hi hi hi. Euh cher Unknown, es-tu La touchAtout ? Merci de ton passage !

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Je ride à attendre vos impressions...